En Bretagne, un apiculteur a développé un piège primé au concours Lépine, capable de cibler uniquement les reines frelons asiatiques. Le tout sans le moindre produit chimique.
On ne détecte leurs nids qu’en août, mais ne vous y trompez pas, ils sont bel et bien présents depuis le début du printemps, lorsque les femelles fondatrices se libèrent de leur hibernation. On les retrouve désormais sous les toits, dans les greniers, les haies, ou les garages. Si les frelons asiatiques s’en prennent principalement aux abeilles, ils peuvent aussi s’attaquer à l’Homme, et quelques piqûres suffisent pour engager le pronostic vital. Alors, comment en venir à bout ?
Depuis plusieurs années, plusieurs approches sont testées. L’une d’elles, proposée par Denis Jaffré, installé à Locmélar, à l’est de Brest, est la plus intéressante.
Fatigué de voir ses colonies d’abeilles attaquées par les frelons asiatiques, l’apiculteur breton a commencé à réfléchir dès les premières apparitions de ces insectes prédateurs dans l’hexagone. « Je les ai vu pour la première fois en 2009 autour de mes ruches. On vivait avec. Mais en 2016, j’ai perdu 35 colonies sur une centaine. C’était un vrai traumatisme pour moi. J’y pensais jour et nuit, je ne pouvais pas faire autre chose », explique Denis Jaffré.
Très vite, l’apiculteur se concentre sur les reines. Il en capture quelques-unes, les marque et les observe. Il fait alors le constat suivant : « Au printemps, elles se battent pour avoir un nid. Si on arrive à les capturer, on empêche les colonies de se développer ».
Jusqu’à 150 reines capturées au printemps
En quelques mois, il développe alors un piège dimensionné au millimètre près développé grâce à une imprimante 3D. Celui-ci est pensé pour attirer (avec de la cire et du miel) et ne retenir que les reines frelons tout en autorisant la sortie des autres insectes, comme les abeilles et les guêpes. Avec cette approche, l’apiculteur assure pouvoir capturer jusqu’à 150 reines au printemps. Pendant ce temps, ses abeilles vivent normalement. Et pour cause, les frelons vont voir ailleurs.
Primé au concours Lépine en 2018, le Breton a créé son entreprise, JabeProd, qui se présente comme une alternative aux techniques actuelles de destruction de nids. « En 2019 dans le Finistère, on a détruit 6 000 nids. Et pourtant, il y en a toujours autant. Cela montre bien que le curatif n’a aucun effet sur la prolifération de l’espèce car à ce moment-là, les reines ont quitté le nid pour s’installer ailleurs », explique-t-il.
Son entreprise, elle, détruit aussi des nids, mais en ciblant les reines de manière stratégique tout en prenant soin d’éviter l’utilisation de produits chimiques dangereux pour la biodiversité. Son piège est désormais sollicité par des collectivités et autres professionnels du secteur. Récemment, plusieurs dizaines d’entre eux ont été installés à Biarritz, et ils attirent visiblement les frelons comme les touristes.