Plus il y aura de biodiversité, et plus nous serons en bonne santé

animaux sauvages renard
Crédits : Andy Wraithmell/Flickr

Cela pourrait paraître contre-intuitif, mais de plus en plus de preuves suggèrent que la perte de biodiversité augmente notre exposition aux pathogènes zoonotiques nouveaux et établis. C’est en tout cas la conclusion d’un nouveau document qui synthétise les connaissances actuelles sur la façon dont la biodiversité affecte la santé humaine.

L’effet protecteur de la biodiversité

Il existe un mythe persistant selon lequel les zones sauvages avec des niveaux élevés de biodiversité sont des foyers de maladies. Une plus grande diversité animale entraînerait ainsi inévitablement le développement d’agents pathogènes plus dangereux. En réalité, c’est tout l’inverse. La biodiversité n’est pas une menace pour nous, elle nous protège des espèces les plus susceptibles de nous rendre malades.

Les maladies zoonotiques comme le COVID-19, le SRAS et le virus Ebola sont entraînées par des agents pathogènes partagés entre les humains et d’autres vertébrés. Toutefois, les espèces animales diffèrent dans leur capacité à transmettre des agents pathogènes. Les espèces ayant un cycle de vie rapide, notamment, ont tendance à être plus efficaces pour transmettre des maladies.

« Les animaux qui meurent jeunes et ont une maturité sexuelle précoce avec beaucoup de descendants ont tendance à moins investir dans leurs réponses immunitaires adaptatives« , détaille ainsi Felicia Keesing, du Bard College, principale auteure de ce nouvel article. « Ils sont ainsi très souvent plus susceptibles de transmettre des maladies comparés aux animaux à plus longue durée de vie qui, de fait, développent une immunité adaptative plus forte« . C’est pourquoi, à titre d’exemple, « le prochain agent pathogène sera beaucoup plus susceptible de provenir d’un rat que d’un rhinocéros« , ajoute la chercheuse.

Se pose alors la question du fractionnement de l’environnement entraînant une perte de la biodiversité. Dans ces espaces « grignotés » par l’Homme, les espèces à vie longue et de plus grande taille ont malheureusement tendance à disparaître en premier. En conséquence, les espèces à corps plus petit avec un cycle de vie rapide (celles capables d’héberger des agents pathogènes et de les transmettre aux humains) ont tendance à proliférer.

À l’inverse, dans les paysages moins dégradés, avec plus de diversité animale, ces réservoirs à risque sont moins abondants. La biodiversité a donc un effet protecteur.

chauve-souris biodiversité
Crédits : jplenio/pixabay

Changer de stratégie

Aussi, la restauration de la biodiversité sera essentielle dans la gestion du risque de maladies zoonotiques. Selon Rick Ostfeld, écologiste au Cary Institute et coauteur de ces travaux, nous devrions également davantage nous concentrer sur les attributs de l’hôte associés à la transmission de la maladie plutôt que de continuer à débattre de l’importance primordiale d’un taxon ou d’un autre.

« Nous devrions arrêter de supposer qu’il existe une source unique pour chaque pathogène qui émerge« , explique le chercheur. « Les agents transmis aux humains ont tendance à se trouver chez de nombreux animaux, pas seulement chez un seul. Ce sont des « sauteurs » qui se déplacent généralement facilement entre les espèces« .

Démêler les caractéristiques des hôtes zoonotiques efficaces telles que leurs stratégies immunitaires, leur résilience aux perturbations et leurs préférences en matière d’habitat sera en revanche essentiel pour orienter les interventions ciblées.