Une équipe chinoise qui travaillait initialement sur des lasers pour graver dans le bois a découvert par hasard un nouveau moyen de lutter contre les marées noires. Or, même si ce phénomène impactant pour l’environnement est moins fréquent aujourd’hui, il reste assez présent, si bien que toute solution de nettoyage alternative peut être bienvenue.
Une découverte très utile
Dans une longue publication du 7 août 2024, le magazine Science News Explore a détaillé une découverte qui a son importance pour l’environnement. En effet, Yuchun He et son équipe de l’Université Centrale du Sud à Changsha (Chine) ont accidentellement découvert une solution de nettoyage efficace et inédite pour les marées noires. Cette nouvelle méthode a ensuite fait l’objet d’une publication dans la revue Applied Physics Letters en avril 2024.
Si le phénomène de marée noire est moins fréquent aujourd’hui, il continue de faire des dégâts. Rien qu’aux États-Unis, plus de 150 sites font l’objet d’une contamination en raison de déversements toxiques de pétrole en mer. Évoquons également la dernière marée noire de grande ampleur en 2020 à l’île Maurice. Le navire-vraquier japonais MV Wakashio s’était alors échoué au large du sud-est de l’île avec à son bord 3 800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel.
Dans le cadre de leurs travaux initiaux, les physiciens chinois utilisaient des lasers pour graver des motifs dans du bois. Ils ont ensuite testé le même procédé sur du liège et ont découvert que l’écorce s’assombrissait. Ce résultat a laissé penser que le liège pouvait être photothermique, autrement dit capable de convertir la lumière en chaleur. Mais quel est le lien avec les marées noires ?
Une possible alternative écologique aux méthodes actuelles
Il s’avère que la science a déjà prouvé la capacité du liège à absorber le pétrole. En revanche, plus il est épais et visqueux, plus le processus est lent. Or, avec l’aide d’un laser pour générer de petites cavités dans le liège, le matériau voit sa capacité à retenir la chaleur considérablement augmenter. Exposé à la lumière du soleil, le matériau se réchauffe et liquéfie le pétrole afin de l’absorber plus rapidement. D’après les tests des chercheurs chinois, le liège ainsi traité prend cinq fois moins de temps pour absorber les hydrocarbures.

Applied Physics Letters. 124, 171601 (2024)
Cette nouvelle méthode semble présenter une belle palette d’avantages. Elle est en effet rapide, peu coûteuse, mais également respectueuse de l’environnement. Par exemple, l’écorce de liège met seulement une décennie avant de repousser sur l’arbre sur lequel il a été prélevé. Selon les scientifiques, le liège peut également être réutilisé, une caractéristique plutôt rare pour un matériau capable d’absorber le pétrole. Par ailleurs, le liège se caractérise par son hydrophobie : il peut séparer efficacement l’eau et le pétrole, une caractéristique évidemment très utile en cas de marée noire.
Pour l’instant, les résultats des premiers tests se sont montrés très prometteurs, mais des expériences en conditions réelles et à grande échelle seront nécessaires. L’objectif sera de vérifier les capacités du liège traité au laser et de confirmer ainsi que cette nouvelle technique incarne bel et bien une alternative écologique aux méthodes de nettoyage actuelles des marées noires qui ont recours à des produits chimiques eux-mêmes très polluants.
