Le gerris, de son nom scientifique, aussi appelé « araignée d’eau » à tort, car il ne s’agit pas d’une araignée, est un insecte surprenant, capable de marcher sur l’eau à la manière du Messie. À condition que celle-ci ne soit pas polluée, auquel cas le charme serait rompu…
Le gerris, un insecte capable de se déplacer sur l’eau (si elle n’est pas polluée)
Le gerris, aussi appelé patineur, punaise de Jésus ou encore araignée d’eau, est un genre d’insecte hémiptère appartenant au même sous-ordre que les punaises, et doté de la faculté à se déplacer sur l’eau.
Les pattes arrière de l’hexapode font office de gouvernail, quand les pattes avant permettent à l’insecte de se saisir de ses proies. Les pattes médianes, les plus longues, agissent quant à elles comme moyen de propulsion (de près d’un mètre chez certaines espèces). Certains spécimens de gerris sont munis d’ailes plus ou moins développées, leur permettant de fuir un prédateur ou de se déplacer hors de l’eau.
Le mode de déplacement du gerris est assez étonnant, rendu possible par deux phénomènes naturels :
- La tension superficielle de l’eau repousse les substances hydrophobes déposées à sa surface, comme c’est le cas des deux paires de pattes du gerris, munies de poils hautement hydrophobes, empêchant alors l’insecte de couler.
- La dépression topographique provoquée entraîne une surpression permettant de porter le gerris sur l’eau du fait de son poids très léger.
Un indicateur de la qualité de l’eau
Dès que l’eau est polluée, notamment par des tensioactifs (détergents et produits d’hygiène), sa tension superficielle diminue, condamnant le gerris à couler. Raison pour laquelle cette espèce d’insecte est souvent qualifiée de bio-indicateur, sa présence ou son absence indiquant l’état de santé de l’écosystème aquatique.
Les gerris jouent un rôle essentiel dans leur milieu naturel en tant que prédateurs et fossoyeurs entretenant la surface de l’eau. Du fait de leur activité, les insectes contribuent en effet à mêler les couches superficielles de l’eau et le biofilm (ensemble de micro-organismes composé de bactéries, champignons, micro-algues ou protozoaires) qui s’y forme naturellement. La zone bénéficie ainsi d’une meilleure oxygénation, d’un haut pouvoir de désinfection, et l’eau y est moins stagnante.
Les gerris représentent enfin une source de subsistance pour d’autres espèces comme les oiseaux, les poissons ou encore les amphibiens (notamment les grenouilles et les tritons).
Un robot mécanique s’inspirant du gerris
L’étonnante faculté du gerris à se déplacer dans son milieu naturel a inspiré plus d’un chercheur. Ainsi, en 2015, une équipe d’ingénieurs de la Seoul National University s’est mis dans l’idée d’inventer un micro-robot capable de se déplacer sur l’eau. Le prototype était muni de pattes mécaniques animées par un ressort microscopique imitant la propulsion du gerris.