L’un des puissants moteurs de fusée BE-4 développés par la société Blue Origin ne s’est pas comporté comme prévu lors de tests effectués le mois dernier. Quelles seront les conséquences de cette anomalie ? Nous faisons le point.
Le moteur BE-4
BE-4 est un moteur-fusée développé par la société américaine Blue Origin, fondée par Jeff Bezos. Il s’agit d’un moteur de propulsion réutilisable fonctionnant avec un mélange de propergols liquides, utilisant de l’oxygène liquide (LOX) comme comburant et du méthane liquide (LCH4) comme carburant. Il s’agit également d’un moteur à combustion tapissée, ce qui signifie que le mélange de carburant et d’oxydant brûle sur l’ensemble de la surface interne de la chambre de combustion plutôt qu’au sein de petits injecteurs individuels.
Les BE-4 ont été pensés pour soulever le lanceur New Glenn de Blue Origin, un véhicule de lancement réutilisable toujours en cours de développement. Sur le papier, cette fusée sera capable de concurrencer les autres lanceurs lourds disponibles sur le marché, tels que le Falcon Heavy de SpaceX. Ces moteurs sont également prévus pour être utilisés sur la fusée Vulcan, développée par United Launch Alliance (ULA), qui est l’un des principaux fournisseurs de services de lancement pour les missions spatiales gouvernementales et commerciales.
Blue Origin a effectué de nombreux tests de développement du BE-4 depuis le début de son développement en 2011, le but étant de valider ses performances et sa fiabilité. Jusqu’ici, bien que le développement de ces moteurs ait pris beaucoup de retard, ces tests s’étaient à peu près déroulés comme prévu. Le dernier en date a cependant révélé quelques lacunes.

Une violente explosion
D’après CNBC, l’un de ces BE-4 aurait en effet explosé environ dix secondes après le début de son test effectué dans les installations de Blue Origin dans l’ouest du Texas, le 30 juin 2023. Le moteur concerné subissait ce qu’on appelle un « test d’acceptation » (APT). Il s’agit d’une série de tests rigoureux et complets réalisés pour vérifier que le moteur répond à toutes les spécifications, aux exigences de performance et de fiabilité avant son utilisation opérationnelle. Ces échecs ne sont pas rares dans le monde des fusées. A priori, les causes de l’incident ont été identifiées, mais elles n’ont pas été partagées.
À la base, ce moteur était en cours de préparation pour voler lors du deuxième lancement de la fusée Vulcan, dont le vol inaugural est toujours prévu pour cette année. Blue Origin a naturellement immédiatement informé ULA de l’incident. Malgré tout, la société ne semble pas inquiète outre mesure. Et pour cause, le BE-4 a déjà été qualifié pour le vol, ce qui signifie que sa conception globale reste solide comme l’a souligné Tory Bruno, le président et chef de la direction de l’entreprise, sur Twitter.
Rappelons que ULA a également essuyé quelques revers avec son nouveau lanceur Vulcan. En effet, ce dernier devait faire ses grands débuts il y a plusieurs semaines dans le cadre d’une mission chargée d’envoyer l’atterrisseur privé Peregrine vers la Lune. Cependant, cette date cible a été repoussée après l’explosion d’un étage supérieur de la fusée lors d’un essai mené au Marshall Space Flight Center de la NASA le 29 mars 2023.
