Des rumeurs de changement pour l’un des plus importants fabricants de fusées au monde

United Launch Alliance ULA
Une vue rapporchée du lancement de Perseverance par une fusée Atlas V de United Launch Alliance (ULA). Crédits : NASA/Joel Kowsky

United Launch Alliance, ou simplement ULA, est l’une des sociétés de fusées les plus importantes au monde. Fragilisée par SpaceX, elle pourrait toutefois être vendue au cours de ces prochains mois. Cette potentielle transaction à venir, gérée conjointement par la société d’investissement Morgan Stanley et la société de conseil Bain & Company, n’a pas été communiquée publiquement, mais trois sources ont confirmé à Ars Technica que des acheteurs potentiels avaient déjà été contactés. Qui pourrait la reprendre ?

SpaceX en trouble-fête

United Launch Alliance n’est pas n’importe qui dans le domaine de l’aérospatial. En effet, cette co-entreprise américaine, constituée en société à responsabilité limitée entre Boeing et Lockheed Martin, fabrique et exploite plusieurs lanceurs (Atlas V, Delta II et Delta IV) depuis le milieu des années 2000. À l’époque, la société avait été créée en accord avec le gouvernement américain pour garantir que l’armée ait accès à des fusées pour envoyer des satellites de sécurité nationale dans l’espace.

Au cours des années suivantes, cette entente entre Boeing et Lockheed Martin a été plus que fructueuse. ULA détenait effectivement le monopole du lancement des missions de sécurité nationale. Les différentes fusées de la société étaient aussi parfois réquisitionnées pour lancer des charges scientifiques. Nous devons par exemple le lancement du rover Perseverance à une fusée Atlas V de ULA.

L’émergence de SpaceX dans le paysage au début des années 2010 a ensuite commencé à perturber ce monopole. En proposant un modèle de fusée réutilisable (la désormais célèbre Falcon 9), la société d’Elon Musk a en effet été capable de réduire ses dépenses et donc de proposer des contrats plus attractifs.

Petit à petit, SpaceX a fait ses preuves et de plus en plus de clients qui étaient au début réticents à l’idée de faire voler leurs instruments hors de prix sur des fusées ayant déjà volé ont commencé à faire confiance à la société. L’efficacité de SpaceX était telle que l’entreprise a commencé à concourir pour des missions de sécurité nationale dès 2017. Depuis, elle rafle la plupart des contrats. Désormais, SpaceX lance dix fois plus de fusées que ULA, son principal concurrent. Autre point à retenir : au cours des quatre dernières années, SpaceX a également fait atterrir plus de fusées que ULA n’en a lancé au cours de son existence.

vulcan centaur Amazon
Crédits : SeanMichealClemes

Une société toujours attractive

Malgré tout, ULA occupe toujours une place importante dans l’industrie. Le Vulcan, la nouvelle fusée lourde de la société, fera par exemple ses grands débuts dans quelques semaines. À terme, ce lanceur pourrait aider à combler une partie de l’écart en termes de compétitivité des prix avec SpaceX.

Le cahier des charges de ce lanceur est d’ailleurs déjà bien rempli grâce à plusieurs missions de sécurité nationale déjà signées avec l’armée américaine jusqu’en 2027. Nous savons également que le Vulcan se chargera de lancer près d’une quarantaine de missions pour le compte d’Amazon, qui prévoit de libérer plus de 3 000 satellites en orbite dans le cadre de sa constellation Kuiper.

Ainsi, plusieurs prétendants pourraient frapper à la porte. Il est notamment possible que Lockheed Martin ou Boeing rachète les parts de l’autre. Amazon pourrait également être intéressée. Cela donnerait à la société un accès prioritaire aux lancements du Vulcan dont elle a besoin pour assurer sa constellation Kuiper.

Enfin, Blue Origin, une autre société de Jeff Bezos, pourrait aussi être sur le coup. L’entreprise travaille en effet déjà sur son propre lanceur, le New Glenn. Cependant, on ignore quand cette fusée pourrait être disponible sur le marché. En outre, Blue Origin fournit déjà les moteurs BE-4 permettant de soulever la fusée Vulcan. Ainsi, en rachetant ULA, la société pourrait économiser un peu d’argent sur les lancements en utilisant ses propres moteurs à prix coûtant.