Monde : les huit dernières années sont les plus chaudes jamais observées

Anomalie de température sur la période 2018-2022 par rapport à la moyenne 1951-1980. Crédits : NASA.

Selon les six principaux jeux de données consolidés par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial, et ce, malgré la présence d’un fort épisode La Niña depuis 2020. C’est ce qu’a annoncé l’organisme dans un communiqué publié ce 12 janvier.

Depuis trois ans maintenant, l’océan Pacifique est marqué par des conditions La Niña. Il s’agit d’un des rares épisodes à avoir persisté trois années consécutives depuis le début de mesures fiables en 1950. Aussi, la petite sœur d’El Niño a clairement marqué son territoire en ce début de décennie. On rappelle que La Niña se caractérise par des eaux anormalement froides sur la partie équatoriale du Pacifique et tend à refroidir le climat global.

Les huit années les plus chaudes sont postérieures à 2014

Pourtant, les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial. Avec une température de surface de la Terre supérieure de 1,15 °C à la moyenne préindustrielle (1850-1900), 2022 occupe la cinquième ou la sixième position selon le jeu de données considéré. Les anomalies ont été particulièrement fortes en Europe, où 2022 se classe comme la seconde année la plus chaude, mais aussi en Asie où une canicule exceptionnelle a touché le Pakistan et le nord de l’Inde avant d’être suivie par de terribles inondations.

Évolution de l’anomalie de température globale entre 1850 et 2022, selon six jeux de données. Le trio de tête est 2016, 2019 et 2020. Crédits : OMM / WMO.

L’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et la Chine ont également connu leur année la plus chaude. « 2022 a été une nouvelle année d’extrêmes climatiques en Europe et dans le monde », relate Samantha Burgess, directrice adjointe au Copernicus Climate Change Service. « Ces événements indiquent que nous subissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement mondial ». Enfin, citons la station de Vostok, située en plein cœur de l’Antarctique, où une maximale de -17,7 °C a été enregistrée au mois de mars, un record depuis son ouverture en 1957.

Une croissance inflexible des gaz à effet de serre

Derrière cette tendance au réchauffement et à la multiplication des extrêmes climatiques, on trouve la croissance des gaz à effet de serre due à l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel). « Les concentrations atmosphériques continuent d’augmenter sans aucun signe de ralentissement », regrette Vincent-Henri Peuch, chef du service Copernicus de surveillance de l’atmosphère (CAMS).

En effet, la concentration de l’atmosphère en dioxyde de carbone (CO2) a atteint 417 ppm (parties par million) en 2022. Il faut remonter deux à trois millions d’années dans le passé, au Pliocène, pour retrouver des niveaux analogues. Par ailleurs, les niveaux de méthane s’élèvent à près de 1895 ppb (parties par milliard), une valeur sans précédent depuis au moins 800 000 ans.

Dans ce contexte, les climatologues s’attendent à ce que le prochain El Niño s’accompagne d’une envolée du thermomètre mondial avec de nouveaux records absolus à la clé. « Le réchauffement futur est fonction des émissions futures de dioxyde de carbone », souligne Gavin Schmidt, directeur du GISS à la NASA. « À tout moment dans le futur, nous pouvons décider de faire quelque chose qui réduira les émissions et les températures à venir ».