Lolita, la plus ancienne orque en captivité, sera bientôt libre

orque Tokitae
Crédits : Nuri Vallbona

Plus de cinq décennies après avoir été capturée au large du nord-ouest du Pacifique, l’orque Lolita se prépare à rentrer chez elle, dans les eaux libres de l’océan. Ce plan de libération prendra probablement plusieurs mois. Il s’agit cependant d’une victoire importante pour les défenseurs des droits des animaux.

Plus de cinquante ans de calvaire

Tokitae, également connue sous le nom de Lolita, est une orque femelle détenue par le Miami Seaquarium, en Floride. Née en 1964, elle fut capturée en 1970 avec d’autres spécimens dans les eaux du Pacifique Nord-Ouest. Pour opérer, des hommes armés de longs bâtons et de fusils avaient rassemblé un groupe d’épaulards, puis séparé les mères de leurs petits. Au moins une douzaine de ces baleines avaient succombé pendant la capture et plus de cinquante jeunes orques avaient été gardées pour être exposées en captivité.

Au cours de ces dernières décennies, les défenseurs des animaux et autres militants n’ont cessé de faire pression pour que Lolita, la plus ancienne orque en captivité, soit relâchée dans son habitat naturel. Des études ont en effet montré qu’ enfermés dans de petits bassins, ces animaux souffrent de problèmes de santé mentale et physique. Et pour cause, les orques sont douées d’une grande intelligence. De ce fait, les orques sont totalement conscientes de leur sort.

« Elles comprennent tout le système auxquels elles sont sujettes : que certains comportements entraînent des récompenses« , témoignait il y a quelques années l’ancien dresseur de Sea World Richard O’Barry. « Un comportement ne sera récompensé que par un éperlan ou un hareng, un autre accordera plutôt un maquereau. Si elles ne reçoivent pas la bonne récompense, elles se mettent en colère. Parfois très en colère. Avez-vous déjà vu une orque en colère, se tapant la tête contre les murs de son bassin ou entraînant son dresseur au fond de l’eau ? Moi oui. Elles savent qu’elles n’ont pas le choix. Ce sont purement et simplement des esclaves« .

La plupart de ces animaux se soumettent donc à ces règles et y sont résignés. Résultat : les orques se retrouvent en détresse psychologique, ce qui diminue leur espérance de vie.

Lolita orque
Des militants de PETA et d’Animal Hero Kids protestent pour exiger la liberté de Lolita. Crédits : Cristóbal Herrera

Vers une libération progressive

Plusieurs tentatives ont déjà été faites pour libérer Lolita et la ramener à sa famille toujours en vie. Il y a quelques mois, une orque de 93 ans baptisée L25 ou Ocean Sun, que l’on pense être sa mère, aurait d’ailleurs été repérée en mer des Salish. Cependant, tous ces efforts ont été entravés par des préoccupations de sécurité, ainsi que par des obstacles politiques et financiers.

Au cours de ces dernières années, le sort de Lolita est alors devenu un symbole de la lutte pour mettre fin à la capture et à la détention d’orques. Finalement, ces efforts pourraient avoir payé. Ce jeudi, les propriétaires du Miami Seaquarium ont en effet annoncé avoir conclu un accord avec les membres de l’association « Les Amis de Lolita » pour entamer son processus de retour à Puget Sound, un bras de mer situé au nord-ouest de l’État de Washington. Une « contribution généreuse » de Jim Irsay, propriétaire des Colts d’Indianapolis, aurait aidé à atténuer les préoccupations financières. Selon un communiqué, tous espèrent une libération possible dans les 18 à 24 prochains mois.

Le processus se fera par étapes. Les détails sont encore flous, mais nous savons que l’orque sera dans un premier temps transférée vers un enclos marin construit en collaboration avec le Whale Sanctuary Project. L’organisation à but non lucratif est à l’origine du premier sanctuaire de baleines au monde au large des côtes de la Nouvelle-Écosse.

Évidemment, le stress du voyage et un nouvel environnement sauvage pourraient être dangereux pour une baleine aussi âgée. Certains craignent également que même à travers un enclos marin, les infections contractées par Lolita en captivité pourraient se propager à d’autres orques de la région, à savoir les Résidentes du sud qui ne comptent plus que 74 individus.