L’extinction des géants de l’ère glaciaire nous a-t-elle forcés à inventer la civilisation ?

mammifères
Crédits : Wikimedia Commons / Cloudordinary , CC BY-SA

L’agriculture, véritable fondement des premières civilisations, est apparue juste après la disparition des géants de l’ère glaciaire. Coïncidence ?

Notre espèce a vu le jour il y a entre 250 000 et 300 000 ans. Selon les registres fossiles, nous n’avons commencé à cultiver nos plantes qu’il y a environ 10 000 ans. Cette agriculture naissance a ensuite posé les bases des premières civilisations reposant sur des hiérarchies politiques complexes apparues il y a 6 400 ans.

Autrement dit, durant la quasi-totalité de l’histoire de notre espèce, nos ancêtres ont vécu en petites bandes nomades, chassant et cueillant pour se nourrir. Puis il y a eu l’agriculture. Pourquoi une telle évolution a-t-elle eu lieu ? Et pourquoi précisément à cette période ?

Plusieurs hypothèses avancées

Ce n’est pas une question d’intelligence. Les premiers humains avaient en effet les mêmes capacités cognitives que ceux évoluant il y a 10 000 ans. Si nos ancêtres ne faisaient pas pousser de plantes, ce n’est donc pas parce qu’ils étaient plus stupides. Quelque chose dans l’environnement les en a empêchés ou alors ils n’avaient tout simplement pas besoin de le faire.

La fin de l’ère glaciaire a entraîné de grands bouleversements dans l’environnement de la planète. Il y a environ 11 500 ans, les températures se sont réchauffées, les précipitations étaient plus régulières et abondantes et le climat s’est stabilisé. Nous pourrions alors penser que ces nouvelles conditions ont pu favoriser l’émergence de l’agriculture.

Cependant, il est également intéressant de souligner que même durant la dernière période glaciaire certains environnements étaient déjà propices à la culture de plantes. Notre planète a également connu d’autres événements de réchauffement : il y a 11 700, 125 000, 200 000 et 325 000 ans. Or, notre espèce n’en a pas pour autant profité pour abandonner son mode de vie nomade.

Ainsi, le réchauffement climatique ne peut pas avoir été le seul moteur de cette transition.

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Les humains chassaient encore le gros gibier en France il y a 17 000 ans. En témoignent ces peintures dans la grotte de Lascaux. Crédits : Prof saxx/Wikipedia

Qu’en est-il alors de la migration humaine ? Notre espèce a vu le jour en Afrique avant de s’étendre au reste du monde. En explorant de nouvelles contrées, nous pourrions alors nous être familiarisés avec de nouvelles plantes, nous abandonnant finalement à leur culture. Néanmoins, ces migrations successives se sont produites bien avant l’apparition de l’agriculture.

Ainsi, pendant des milliers d’années, nos ancêtres ont eu la possibilité de faire pousser leur nourriture. S’ils ne l’ont pas fait, c’est qu’ils n’avaient ni besoin ni l’envie de le faire. Et ça peut se comprendre. L’agriculture présente en effet de nombreux inconvénients comparée à la chasse. Elle demande plus d’efforts, plus de rigueur pour de potentiels résultats qui ne seront disponibles que des mois plus tard. Les agriculteurs sont également dépendants de la terre et de l’imprévisibilité de la nature.

La chasse en revanche est plus immédiate, moins contraignante. Si nos ancêtres avaient faim, ils partaient chasser le gros gibier. Et en cas d’échec, ils recommençaient le lendemain.

Cultiver sa nourriture implique également le fait d’être condamnés à rester attachés à nos terres. En cas d’attaques, nous sommes alors beaucoup moins mobiles, et donc plus vulnérables. Les chasseurs-cueilleurs pouvaient quant à eux traquer les menaces ou battre en retraite.

Les humains forcés à inventer la civilisation ?

Malgré tout, il y a 10 000 ans nous avons commencé à cultiver notre nourriture. Pourquoi ?

Il est alors très intéressant de constater que cette transition d’un mode de vie nomade à sédentaire s’est faite juste après la disparition des grands mammifères de l’ère glaciaire comme les mammouths, les paresseux géants ou les mégalocéros (cerfs géants) entre autres.

Ces gros animaux ont en partie été victimes du réchauffement de la planète, mais ils ont surtout été trop chassés. Nos ancêtres privilégiaient en effet la traque de ces gros animaux au détriment des plus petits pour leur chair qui permettait de se nourrir sur plusieurs jours. Le problème, c’est que ces animaux ont généralement des taux de reproduction lents.

Les populations de ces animaux, vulnérables à la surexploitation, ont alors peu à peu décliné. Finalement, le mode de vie des chasseurs-cueilleurs est devenu moins viable, poussant nos ancêtres à innover. Ils auraient alors inventé l’agriculture.

Une fois celle-ci maîtrisée, nos ancêtres se sont aperçus qu’elle permettait de nourrir plus de monde sur un même espace. Elle a donc été adoptée et perfectionnée. Sur ces bases, nous avons alors su nous développer et bâtir les premières civilisations.

Finalement, notre monde n’est peut-être pas né d’une volonté de progrès, mais d’un choix par dépit contraint par un effondrement écologique.

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