L’Everest conserve les bactéries provenant des alpinistes

Everest
Crédits : DanielPrudek / iStock

Chaque année, plusieurs centaines de personnes tentent l’ascension du toit du monde. Or, chacun de ces individus laisse ses germes sur le site, à savoir des microbes capables de survivre sur les surfaces gelées. Si la plupart de ces micro-organismes présents sur l’Everest sont inactifs, le fait qu’ils puissent survivre à une telle altitude étonne les scientifiques.

Des traces humaines dans le « microbiote de l’Everest »

Récemment, le youtubeur Inoxtag a fait la une des médias avec son projet d’ascension de l’Everest. L’intéressé a en effet décidé de tenter de gravir l’Everest en 2024, et ce, après avoir gravi une dizaine d’autres sommets pour s’entraîner au préalable. Évidemment, ceci n’est pas au goût de tous, certains observateurs dénonçant une marchandisation de la plus haute montagne du monde. Une nouvelle étude parue dans la revue Arctic, Antarctic, and Alpine Research le 16 février 2023 traite également de l’Everest, mais pour une toute autre raison. Les biologistes de l’Université du Colorado à Boulder (États-Unis) ont évoqué les germes que laissent les grimpeurs derrière eux.

Malgré les conditions extrêmes sur le toit du monde, les chercheurs ont découvert des bactéries (dont des streptocoques et des staphylocoques) dans les sédiments. Or, les biologistes sont pratiquement certains que ces organismes, qui sont inactifs dans leur grande majorité, ont été rapportés par des grimpeurs depuis des zones plus clémentes en matière de températures. Pour les meneurs de l’étude, le « microbiote de l’Everest » contient donc des traces humaines.

bactéries
Des bactéries Staphylococcus aureus.
Crédits : Pixnio

Un constat inédit à une telle altitude

Les bactéries en question se trouvent habituellement dans des endroits plus chauds, notamment au fond de notre gorge. Ainsi, les germes peuvent en sortir si une personne se mouche ou tousse. En tout cas, les chercheurs américains ont été très surpris que ces bactéries puissent survivre à des températures aussi extrêmes. Il faut dire qu’il s’agit de la toute première fois que des prélèvements à si haute altitude confirment la présence de micro-organismes provenant d’humains.

Par ailleurs, il faut savoir que la combinaison rayons UV, faibles températures et manque d’eau cause généralement la mort des bactéries en altitude. Autrement dit, seules les plus robustes peuvent survivre. De plus, les prélèvements ont été effectués à moins de 200 mètres des campements humains de l’Everest. Pour les chercheurs, prélever des échantillons encore plus proches de ces camps pourrait permettre d’observer encore plus de bactéries.

Vers une libération des bactéries ?

Ces bactéries se caractérisent par leur inactivité en raison du climat. En revanche, certains micro-organismes arrivent à se développer en présence d’un point d’eau liquide. Toutefois, la température de l’air au niveau du col Sud (qu’empruntent beaucoup de grimpeurs) dépasse rarement les -10°C. Il est donc difficile de savoir si le peu d’eau pouvant provenir de la fonte des glaces pourrait favoriser ou non un quelconque développement de ces germes humains.

Cependant, il faut savoir que les températures au niveau de l’Everest augmentent de 0,33°C par an en moyenne. De plus, le col Sud a affiché une température record de -1,4°C en juillet 2022. Autrement dit, un tel réchauffement pourrait sans doute favoriser la libération de bactéries qui étaient inactives jusqu’ici.