Les rhinocéros laineux n’ont pas disparu à cause de l’Homme

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Représentation d'artiste d'un rhinocéros laineux. Crédits : Mauricio Anton / C. Sedwick, PLOS Biology, 2008

De nouvelles preuves génétiques suggèrent que le réchauffement climatique, et non la prédation humaine, a mené les rhinocéros laineux de la dernière période glaciaire à l’extinction.

La mégafaune du Pléistocène intègre l’ensemble des grands animaux évoluant sur la planète jusqu’au Pléistocène supérieur qui se sont éteints il y a entre 50 000 et 10 000 ans. Parmi eux figuraient les mammouths, les ours des cavernes, les tigres à dents de sabre ou encore les mégalocéros, aussi appelés « grands cerfs des tourbières ».

Et bien sûr, il y avait le rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis). Imaginez alors une version plus grande, bossue et poilue des rhinocéros d’aujourd’hui. Oh, et la plus grande de ses cornes mesurait près de 1,5 mètre.

La raison de leur disparition

À leur époque, ces herbivores impressionnants occupaient un vaste territoire, lissé depuis le centre de l’Espagne jusqu’au sud de la Sibérie. Après avoir évolué durant plusieurs millions d’années, ces animaux se sont alors éteints il y a environ 14 000 ans. Certains attribuent depuis longtemps leur disparition au fait qu’ils étaient chassés par les humains. D’autres, en revanche, évoquent des raisons purement climatiques. Alors, qui a raison ?

Une étude génétique récemment publiée dans Current Biology penche aujourd’hui pour la seconde hypothèse. Dans le cadre de ces travaux, Edana Lord et Nicolas Dussex, de l’Université de Stockholm, ont séquencé les génomes de quatorze rhinocéros laineux. Pour ce faire, ils ont extrait un peu de leur ADN dans des échantillons de tissus, d’os et de poils préservés. « Nous avons séquencé un génome nucléaire complet pour remonter le temps et estimer la taille des populations, et nous avons également séquencé quatorze génomes mitochondriaux pour estimer la taille effective de la population féminine« , expliquent les chercheurs.

Grâce à ces données, ils ont été en mesure d’estimer la taille des populations de rhinocéros laineux il y a entre 29 000 ans 18 500 ans.

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Crédits : Fedor Shidlovskiy

Les humains n’ont joué qu’un rôle mineur

Ces analyses ont permis de constater que les populations de rhinocéros sont restées très stables durant cette période. « Les données que nous avons examinées ne remontent qu’à 18 500 ans, soit environ 4 500 ans avant leur extinction« , notent les chercheurs. Cela implique qu’elles ont diminué à un moment donné dans cet écart« . Autrement dit, la disparition du rhinocéros laineux aurait été assez « brutale ».

Pour les chercheurs, ces nouvelles données ne cadrent pas avec l’idée que la prédation humaine ait conduit les rhinocéros laineux à l’extinction. Les humains étaient en effet déjà actifs dans la région il y a environ 30 000 ans, bien avant la disparition de cette espèce. Le fait que les populations soient restées stables au cours de cette période suggère nos ancêtres n’ont finalement joué qu’un rôle mineur dans leur disparition.

Ces résultats ne sont pas si surprenants. Comme le souligne Edana Lord, principale auteure de l’étude, « tenter de piquer avec une lance un animal blindé de deux tonnes avec une corne de 1,5 mètre et un mauvais caractère n’était peut-être pas la meilleure chose à faire à cette époque ». Mieux valait, pour nos ancêtres, se rabattre sur des proies un peu plus accessibles et moins dangereuses.

Les humains mis de côté, il semblerait que l’extinction de ces animaux soit donc davantage liée au climat. Le réchauffement des températures opéré entre 14 700 et 12 900 ans aurait entraîné une augmentation des précipitations en été, convertissant la steppe ouverte en un environnement beaucoup plus marécageux. En hiver, la couverture de neige plus importante aurait également été plus importante. Ces deux changements environnementaux auraient finalement rendu la recherche de nourriture plus difficile.