La propagation de maladies infectieuses par les incendies de forêts : un risque sous-évalué

Crédits : Pixabay.

De nouveaux travaux soulignent le besoin de considérer le transport d’agents infectieux par les fumées des incendies de forêts. En effet, ces dernières peuvent véhiculer bactéries et fongiques à plusieurs milliers de kilomètres à la ronde. Un risque sensible jusqu’à présent sous-évalué par les sciences de la santé publique. Les résultats ont été publiés dans la revue Science le 18 décembre dernier.

Lorsqu’elles circulent au-dessus de zones peuplées, les fumées issues d’incendies peuvent avoir des répercussions sanitaires majeures. En particulier dans les pays de la zone intertropicale plus exposés à ce risque. On se souvient par exemple des images sidérantes des feux brésiliens durant l’été 2019, lesquels ont plongé les régions aux alentours dans la pénombre en pleine journée. Sans surprise, la qualité de l’air est tombée à des niveaux dangereusement bas. Un évènement analogue a concerné l’Australie ou encore l’ouest des États-Unis d’août à novembre 2020.

Incendies et maladies infectieuses : un risque sous-évalué

De tels extrêmes tendent à se multiplier avec le réchauffement climatique. Une tendance qui appelle une considération croissante du phénomène et de ses implications diverses. Toutefois, l’évaluation des impacts sur la santé tient essentiellement compte des effets directement associés à l’inhalation des particules. Aussi, dans un récent rapport, des chercheurs ont indiqué que toute une dimension du problème était jusqu’à présent sous-évaluée. Elle concerne le transport de bio-aérosols par les panaches incendiaires. Plus précisément, de particules constituées de cellules bactériennes ou fongiques capables de véhiculer des maladies infectieuses dans les populations.

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Simulation numérique montrant la dispersion de cellules microbiennes en aval d’un feu de forêt. La croix blanche marque la localisation du foyer. Les couleurs représentent le nombre de cellules par kilogramme d’air. Enfin, les données sont issues de mesures effectuées sur un cas de feu réel dans l’Utah (États-Unis). Crédits : Leda N. Kobziar & al. 2020.

En soi, le phénomène n’est pourtant pas inconnu ni récent. Divers cas relativement bien documentés existent. Citons parmi d’autres la Coccidioïdomycose, ou fièvre de la vallée. Cette zoonose en voie d’augmentation est due à la pulvérisation en aérosols d’un champignon filamenteux – du genre Coccidioïdes. Des épisodes qui surviennent lorsque les sols sont perturbés par des incendies, des tempêtes ou les activités humaines.

Vers une approche intégrée de la dynamique des feux de forêts

«L’impact de l’inhalation de la fumée des feux de forêt sur la santé augmente considérablement pendant les incendies à fortes émissions et lors d’une longue exposition », détaille Leda Kobziar, auteure principale du rapport. « Pourtant, le risque d’infection des voies respiratoires après cette exposition est souvent négligé ».

Bien que leur concentration soit plus importante près des incendies, les éléments infectieux les plus légers peuvent être transportés sur plusieurs milliers de kilomètres. Toutefois, une grande incertitude persiste quant à la façon dont ce processus s’articule. Aussi, les auteurs appellent à l’élaboration d’une approche multidisciplinaire et intégrée pour mieux se saisir de l’enjeu. « Avec des saisons des feux de forêts plus longues et des tendances vers une sévérité plus élevée, il est urgent de travailler ensemble pour étudier le comportement des microbes véhiculés par la fumée et leur impact sur la santé humaine », souligne George Thompson, co-auteur du papier.

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