La moitié des glaciers du monde est d’ores et déjà condamnée

fonte glacier
Crédits :slowmotiongli / iStock

Les nouvelles ne sont pas rassurantes sur le front des glaciers. Alors qu’ils constituent une ressource en eau cruciale pour près de deux milliards de personnes, une étude montre que même avec un réchauffement limité à 1,5 °C, la moitié d’entre eux est vouée à disparaître avant la fin du siècle. Les résultats ont été publiés dans la revue Science ce 5 janvier.

Dans le cadre d’une étude internationale, des chercheurs ont modélisé la perte de masse attendue pour l’ensemble des glaciers du monde d’ici à la fin du siècle selon différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. Au total, ce sont plus de 215 000 amas de glace qui ont été pris en compte. Aussi, l’étude constitue une mise à jour majeure des projections antérieures, dont celles présentées dans le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).

En améliorant la représentation des processus physiques et en calibrant les simulations avec les données satellitaires acquises depuis une vingtaine d’années, les chercheurs ont dressé le tableau le plus complet et le plus précis disponible à ce jour quant au futur des glaciers (à l’exception de ceux associés aux calottes polaires). Or, les résultats montrent une sensibilité au réchauffement environ 20 % plus grande que les estimations précédentes.

glaciers
Le grand glacier d’Aletsch dans les Alpes suisses. Crédits : Frank Paul, University of Zurich.

Une sensibilité plus élevée des glaciers à la hausse des températures

Si l’on considère le scénario du statu quo, où les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à des niveaux élevés et où le réchauffement atteint 4 °C en 2100, plus de 80 % des glaciers du globe auront disparu. La plupart étant de petite taille, inférieure au kilomètre carré, ce chiffre équivaut à 40 % de la masse totale de glace. Toutefois, même dans le scénario optimiste où l’objectif des 1,5 °C est respecté, près de la moitié des glaciers, équivalant à 26 % de la masse totale, aura disparu.

Pour les Alpes européennes, la perte de masse est estimée à 99 % dans le scénario à 4 °C et à 85 % dans celui à 1,5 °C. Autrement dit, les Alpes perdront l’essentiel de leur coiffe glacée. En ce qui concerne les Pyrénées, une déglaciation complète est attendue quoiqu’il arrive vers le milieu du siècle. Par conséquent, en plus des impacts économiques et environnementaux (ressource en eau, agriculture, tourisme, etc.), c’est une profonde modification des paysages qui se profile.

Glaciers Alpes
Crédits : pxhere.

En termes de conséquence sur le relèvement du niveau des mers, les contributions s’échelonnent de 90 millimètres pour le scénario optimiste à près de 155 millimètres pour le scénario du statu quo. Enfin, les chercheurs soulignent qu’après arrêt complet des émissions, il faudrait attendre de trente à cent ans pour que les glaciers encore présents retrouvent un équilibre, les plus massifs étant bien souvent les plus longs à réagir compte tenu de leur importante inertie. D’où ces sombres projections.

« Sur la base des engagements climatiques de la Conférence des Parties (COP26), la température moyenne mondiale devrait augmenter de +2,7°C, ce qui entraînerait une contribution au relèvement du niveau de la mer de 115 ± 40 millimètres et provoquerait une déglaciation généralisée dans la plupart des régions de latitude moyenne d’ici à 2100 », rapporte l’étude dans son résumé.