Indonésie : un projet de « Jurassic Park » menace le dragon de Komodo

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Des villageois vivent aux côtés de dragons de Komodo depuis des générations. Malheureusement, un projet de développement menace ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Plusieurs entreprises désirent y construire un parc où le béton sera roi.

Un projet de « Jurassic Park »

Le dragon ou varan de Komodo (Varanus komodoensis) est une espèce de varan endémique des îles d’Indonésie centrale, à l’est de Bali. Il s’agit ici de la plus grande espèce vivante de lézard avec une longueur moyenne de 2 à 3 mètres pour une masse d’environ 70 kg. Cette espèce protégée est classée « vulnérable » dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Récemment, des défenseurs de l’environnement ont dénoncé un dangereux projet de développement au cœur de ces îles.

Dans le parc national de Komodo où vivent environ 3 000 reptiles, les autorités ont récemment dévoilé un gigantesque chantier. L’objectif ? Faire de l’habitat des varans une sorte de « Jurassic Park ». Il s’agira d’infrastructures hôtelières de luxe et de sports d’aventure. Rappelons que le parc national de Komodo couvre les îles de Komodo, Rinca et Padar. Or, il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986 en tant que « réserve pour l’homme et la biosphère ».

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Crédits : Markofjohnson / Wikipedia

La menace du tourisme de masse

Pour l’ONG locale Sunspirit, l’idée de construire ce genre de parc est gênante. Habituellement, les visiteurs viennent voir les dragons de Komodo dans leur environnement naturel. Or, le parc dont il est question ici sera synonyme d’espace clos accueillant ces mêmes visiteurs, mais également de réduction de l’habitat de ces animaux. Les îles du parc comptent également plusieurs milliers d’habitants. Naturellement, ceux-ci voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un tel projet.

Le ministère de l’Environnement indonésien estime que ce projet d’aménagement touristique ne mettra pas en danger la population de dragons de Komodo. Pour y parvenir, les responsables évoquent la nécessité de minimiser les contacts avec la vie sauvage. Malgré cette déclaration, les défenseurs de l’environnement restent sceptiques. Selon eux, le tourisme de masse, mais aussi le trafic et la réduction du nombre de proies menacent la survie du varan de Komodo.

Les sociétés PT Segara Komodo et PT Komodo Wildlife sont à l’origine du projet. Or, les dirigeants de cette dernière sont des proches de Setya Novanto, ancien chef du Golkar. Il s’agit du parti de la dictature de Soeharto (1967 à 1998), ancien président indonésien. Ce dernier purge actuellement une peine de quinze années de prison en raison de plusieurs scandales de corruption.