mammouth défense
Crédits : Daniel Eskridge/istock

Ils ont retracé la vie d’une femelle mammouth

Des scientifiques ont retracé le parcours d’une femelle mammouth laineux nommée Élmayuujey’eh, également connue sous le nom d’Elma, depuis son lieu de naissance dans l’actuel Canada jusqu’à son lieu de vie final dans le centre-est de l’Alaska où elle aurait été chassée par des chasseurs-cueilleurs il y a environ 14 000 ans.

Des créatures emblématiques

Les mammouths laineux (Mammuthus primigenius) ont été d’imposants représentants de la mégafaune ayant parcouru les plaines de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique du Nord et de la Sibérie pendant la dernière période glaciaire. Apparentés aux éléphants modernes, ils se distinguaient par leur épaisse couche de poils et leurs défenses en spirale qui pouvaient atteindre plusieurs mètres de long.

Ces animaux préhistoriques vivaient principalement dans des habitats tels que la toundra, les steppes et les forêts froides où ils se nourrissaient de plantes herbacées, de buissons et d’arbustes. Leur vaste répartition géographique s’étendait de l’Arctique aux régions plus tempérées et ils ont évolué pour survivre dans des conditions climatiques variées.

Nous savons également que les mammouths laineux ont coexisté avec les premiers humains pendant des millénaires. Les populations autochtones dépendaient en effet parfois de la chasse de ces animaux pour leur viande, leurs os et leurs défenses qui étaient utilisées à diverses fins, y compris la construction d’abris.

La disparition de ces animaux il y a environ 10 000 ans suscite encore de nombreux débats parmi les scientifiques. Des facteurs tels que les changements climatiques, la chasse humaine et les maladies ont été évoqués comme des contributeurs potentiels à leur extinction. Certains spécimens ont cependant survécu sur des îles isolées jusqu’à une époque plus récente.

La vie d’une femelle, de la naissance à la mort

Elma, qui se traduit par « hella lookin » en langue autochtone Kaska, était l’un de ces mammouths. Sa vie a récemment été reconstituée grâce à une analyse de sa défense qui a révélé des informations sur son régime alimentaire et ses déplacements au fil des années.

mammouth défense Elma
Karen Spaleta, coauteure de l’étude, prélève un échantillon sur une défense de mammouth laineux découverte sur le site archéologique de Swan Point en Alaska. Crédits : Université d’Alaska Fairbanks

Née dans la province canadienne du Yukon à la fin de la dernière période glaciaire, Elma a probablement passé ses premières années dans cette région avant de se lancer dans un voyage de près de mille kilomètres à travers le paysage gelé avant d’atteindre finalement l’Alaska.

Les chercheurs ont utilisé une analyse de l’ADN ancien pour comparer les restes d’Elma à ceux de huit autres mammouths laineux de la région. Les résultats ont révélé que ces mammouths appartenaient à au moins deux troupeaux distincts qui se rassemblaient dans la région, ce qui a potentiellement attiré l’attention des premiers humains.

Une femelle mammouth probablement abattue

L’étude suggère que les peuples autochtones de l’époque utilisaient cet endroit comme un lieu important pour se nourrir, observer et apprécier la présence des mammouths. Néanmoins, dans le besoin, les humains auraient également chassé ces créatures pour se procurer de la nourriture pour un grand nombre de personnes sur une période prolongée.

Les restes d’Elma indiquent qu’elle était dans la fleur de l’âge adulte et en bonne santé au moment de sa mort (environ vingt ans) qui coïncide avec la période où les chasseurs-cueilleurs béringiens auraient installé leur camp de chasse saisonnier à Swan Point. Selon les chercheurs, Elma a donc probablement été abattue par eux.

Cette analyse des mouvements au cours de la vie de ce mammouth offre des perspectives pour comprendre la coexistence entre les peuples anciens et les mammouths laineux, et élargit ainsi notre compréhension génétique du passé.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.