Il y a près de 10 000 ans, les vastes glaciers qui recouvraient les terres polaires depuis plus de 100 000 ans ont fondu et se sont déversés dans les océans. Mais pourquoi, après une si longue période de froid, cette dernière période glaciaire a-t-elle finalement pris fin ? Les scientifiques s’interrogent toujours, mais ils avancent plusieurs hypothèses.
Le dernier âge de glace
La dernière période glaciaire, également connue sous le nom de glaciation de Würm, aurait débuté il y a environ 115 000 ans, pour finir il y a environ 11 700 ans. À cette époque, de vastes calottes glaciaires se sont formées dans les régions polaires, recouvrant une grande partie de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Asie. Les glaciers ont également pris de plus en plus de place dans les régions montagneuses.
Cette longue période a eu un impact significatif sur les écosystèmes et les espèces. De nombreux animaux et plantes ont en effet dû s’adapter aux conditions froides et aux changements du paysage, tandis que d’autres ont migré vers des régions aux températures plus clémentes. Les variations du niveau des océans ont également modifié les habitats côtiers et les écosystèmes associés.
Au fur et à mesure que la période glaciaire touchait à sa fin, les températures ont finalement commencé à remonter, entraînant la fonte des glaciers, le recul des calottes glaciaires, et donc une élévation progressive du niveau de la mer.
La compréhension de ce dernier âge de glace est naturellement importante pour mieux appréhender les changements climatiques passés, actuels et futurs. Cependant, les raisons de son déclin interrogent encore.
Les cycles de Milankovitch
Traditionnellement, on a tendance à expliquer les formations et déclins des différentes périodes glaciaires en se référant aux cycles de Milankovitch. Nommés d’après le scientifique serbe Milutin Milankovitch, ils décrivent les modèles d’orbite et d’inclinaison axiale de la Terre. Au fil du temps, l’orbite de notre planète devient plus ou moins circulaire, tandis que son axe a tendance à s’incliner et à vaciller.
Plus concrètement, Milankovitch avait découvert que ces facteurs se combinaient à intervalles réguliers de sorte que les terres situées au-delà de 65 degrés de latitude nord deviennent plus chaudes que la normale.
Cependant, bien qu’il soit prouvé que les cycles de Milankovitch entraînent le flux et le reflux des périodes glaciaires, de nombreux glaciologues modernes ne pensent pas que les liens signalés se vérifient complètement. Et pour cause, nous savons que tous les glaciers (qu’ils soient dans l’hémisphère nord ou dans l’hémisphère sud) ont fondu à la fin de la dernière période glaciaire. Or, l’explication traditionnelle des cycles de Milankovich ne peut permettre aux deux hémisphères de se réchauffer en même temps.

Trois autres hypothèses
Une autre explication de ce réchauffement de la planète suggère que l’eau de fonte de l’hémisphère nord, qui avait commencé à se réchauffer il y a environ 13 000 ans, aurait inondé l’océan Atlantique Nord au point de provoquer un refroidissement temporaire de la région (Dryas jeune, il y a 12 900 à 11 700 ans). Selon la théorie, cet événement aurait affecté les courants océaniques et remué l’océan Atlantique sud à tel point que des tonnes de dioxyde de carbone auraient été libérées dans l’atmosphère. Ce processus aurait alors entraîné la fonte des glaciers dans l’hémisphère sud au cours des 1 500 années suivantes.
Une autre hypothèse propose que la durée et l’intensité des hivers de l’hémisphère sud pourraient dicter la fin des périodes glaciaires. En substance, on est donc à l’opposé de la théorie de Milankovitch qui suggère que les étés de l’hémisphère nord sont à l’origine des changements climatiques. Ici, les longs hivers dans l’hémisphère sud auraient pu modifier la configuration des vents près des tropiques. Ce processus aurait alors pu générer de nombreuses tempêtes sur une zone de l’océan Pacifique connue sous le nom de « piscine chaude tropicale ». Or, nous savons que cette région océanique stocke et libère de grandes quantités de chaleur dans l’atmosphère.
Enfin, une troisième idée suggère que la fin de la dernière période glaciaire pourrait être due au déversement de grandes quantités d’eau salée en provenance de l’océan Indien dans l’Atlantique. À cette époque, cet océan était en effet devenu très salé à cause de la baisse du niveau de la mer qui avait coupé un courant critique en provenance du Pacifique. Or, en temps normal, ce courant diluait les eaux tropicales très salées de l’Inde. Un changement dans la configuration des vents et des courants induits par la coupure de ce courant aurait alors pu amener l’océan Indien à déverser des tonnes d’eau dense et salée dans l’Atlantique, modifiant ainsi ses courants et ses températures dans les deux hémisphères.