Il y a 320 000 ans, on chassait les ours des cavernes pour leur fourrure

ours peau
Crédit : Volker Minkus

L’analyse d’un métatarse et d’une phalange collectés en Allemagne suggère que les anciens humains se confectionnaient des vêtements simples à partir de peaux d’ours il y a déjà 320 000 ans. Et pour ce faire, ils devaient chasser l’animal. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Human Evolution.

Des peaux d’ours pour passer l’hiver

Les sites du Paléolithique inférieur de Schöningen, en Allemagne, ont joué un rôle majeur dans les discussions sur l’origine de la chasse des grands mammifères. La présence d’armes de chasse complètes en bois, ainsi que l’assemblage squelettique de certains animaux, ont donné des indications claires sur l’exploitation de grands herbivores pour la viande et la moelle, mais aussi pour la production d’outils avec les os. Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs suggèrent que nos ancêtres s’attaquaient également aux grands carnivores pour leur peau.

Dans le détail, les paléontologues détaillent l’analyse de marques de coupure sur un métatarse et une phalange d’ours des cavernes découverts sur deux des sites allemands de Schöningen. Ces deux ossements seraient datés à environ 320 000 ans. En anthropologie, les marques de coupe sur les os sont souvent interprétées comme une indication de l’utilisation de la viande. Ici, étant donné qu’il n’y a quasiment pas de chair à récupérer sur ces restes, les chercheurs ont attribué ces traces particulièrement fines et précises au décapage soigneux de la peau.

Dans leur article, les auteurs expliquent que les anciens humains ne se promenaient probablement pas dans des grenouillères d’ours, mais qu’ils se confectionnaient « des vêtements simples » enroulés autour de leur corps. Les hautes propriétés isolantes de ces peaux auraient alors permis aux habitants du nord de l’Europe de passer l’hiver.

Notez que des preuves similaires de dépeçage d’ours ont été relevées sur des sites paléolithiques à travers l’Europe. Cependant, les découvertes de Schöningen sont parmi les plus anciennes jamais découvertes.

ours des cavernes
Le museau et les crocs d’un ours des cavernes découvert en Sibérie. Crédits : North-Eastern Federal University in Yakutsk

Un adversaire de taille

Ces ossements règlent également le débat sur la question de savoir si les anciens humains chassaient activement les ours ou récupéraient simplement les fourrures d’animaux morts. Les auteurs soulignent en effet que tous ces restes appartenaient à des individus adultes et que les peaux n’étaient utilisables que si elles étaient récoltées dans la journée suivant la mort de l’animal. Ainsi, à moins de tomber par hasard sur un ours des cavernes mort de cause naturelle il y a quelques heures, tout porte ici à croire que ces anciens humains chassaient ces prédateurs.

Naturellement, s’attaquer à de tels animaux n’aurait pas été une mince affaire. Les ours des cavernes, présents du nord de l’Espagne jusqu’à l’Oural il y a déjà 400 000 ans, affichaient des proportions beaucoup plus imposantes que les ours modernes (3,5 mètres de long pour 1,7 mètre de haut à l’épaule). Malgré leur nom, notez qu’ils ne vivaient pas dans les cavernes. Ils hibernaient simplement à l’intérieur.

Il y a quelques années, une étude suggérait par ailleurs qu’un régime végétalien avait probablement conduit ces ours à disparaître il y a 25 000 ans.