Dans le désert aride du bassin de Pisco, au Pérou, une découverte paléontologique majeure vient d’être réalisée. En effet, des paléontologues ont mis au jour un fossile presque complet de Cosmopolitodus hastalis, un animal éteint étroitement apparenté au grand requin blanc moderne. Cette découverte exceptionnelle apporte au passage un nouvel éclairage sur les écosystèmes marins préhistoriques.
Une découverte dans le bassin de Pisco
Le bassin de Pisco, une région chaude et désertique, est depuis longtemps prisé pour la recherche d’espèces marines anciennes du fait des conditions locales idéales pour la fossilisation et des avancées scientifiques qu’elle a permis de réaliser. En effet, cette région a été le théâtre de nombreuses découvertes majeures, notamment des crocodiles ancestraux et le plus grand crâne de dauphin de rivière jamais trouvé, qui ont toutes contribué à une meilleure compréhension de la faune marine préhistorique riche du Pérou.
Et il semble que ces plaines arides aient une fois de plus révélé une trouvaille remarquable. En effet, le lundi 20 janvier dernier, des scientifiques ont présenté un fossile vieux de neuf millions d’années de Cosmopolitodus hastalis, un redoutable et imposant parent du grand requin blanc actuel. Ce spécimen presque complet fournit des informations précieuses sur les océans préhistoriques du Pacifique Sud où ce géant prédateur régnait autrefois en maître.
Le fossile, découvert à environ 235 kilomètres au sud de Lima par l’Institut géologique, minier et métallurgique du Pérou (INGEMMET), représente l’une des découvertes paléontologiques les plus significatives de ces dernières années, notamment au regard de son état de conservation exceptionnel et du fait qu’il est extrêmement rare de trouver des spécimens aussi complets.

Un requin géant du Pacifique ancien
Souvent considéré comme un ancêtre du grand requin blanc moderne, C. hastalis était un prédateur dominant des eaux du Pacifique ancien. Ce redoutable chasseur mesurait près de sept mètres, soit la taille d’un petit bateau, et possédait des dents qui pouvaient atteindre 8,9 centimètres de long. La mâchoire fossilisée massive du spécimen met d’ailleurs en évidence ses rangées de dents tranchantes et dentelées parfaitement adaptées pour découper la chair de ses proies.
Le paléontologue Mario Urbina insiste sur l’importance de cette découverte : « Il n’existe pas beaucoup de fossiles de requins complets dans le monde. Cette découverte offre un aperçu rare de l’anatomie et des habitudes alimentaires de l’un des plus grands prédateurs océaniques d’il y a des millions d’années. » La présence de nombreux restes de sardines dans l’estomac du requin confirme en effet son rôle de prédateur.
Cette découverte relatée par Reuters apporte plus globalement de nouvelles perspectives sur le fonctionnement des environnements marins préhistoriques au cours des époques du Miocène et du Pliocène, soit environ 23 à 2,6 millions d’années en arrière. L’époque du Miocène a notamment vu une explosion de la vie marine dans l’océan Pacifique Sud avec d’importants bancs de sardines qui nourrissaient les prédateurs marins comme Cosmopolitodus hastalis. Or, les preuves fossiles suggèrent que ces requins anciens jouaient un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre de la vie marine, à l’instar de leurs homologues modernes.
« Ce requin était un prédateur de sommet qui était essentiel pour réguler les populations de petits poissons comme les sardines », ajoute Urbina. La présence de C. hastalis indique un écosystème marin équilibré qui soutenait à la fois de grands prédateurs et une abondance de proies. La chaîne alimentaire complexe qui relie ce requin à ses choix de proies met en lumière les dynamiques à l’œuvre dans le monde marin d’il y a des millions d’années et démontre à quel point ces habitats préhistoriques étaient résilients et multifacettes.
