Aigle pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) sur l'île de Mull, Écosse aigles
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Cette famille d’aigles a adopté un comportement unique qui a sidéré les experts

Sur l’île de Mull (Écosse), une famille d’aigles a adopté un comportement inouï jusqu’ici jamais observé chez ces animaux qui a laissé sans voix les experts de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), la plus grande organisation pour la protection des animaux en Europe située au Royaume-Uni. Deux parents pygargues à queue blanche ont en effet déployé des efforts incroyables pour prendre soin de leur poussin blessé, dévoilant au passage une facette insoupçonnée de ces animaux parfois décrits comme ayant ‘un cœur de pierre’.

Les aigles, rapidement autonomes

Au Royaume-Uni, le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) s’impose sans difficulté comme le rapace le plus grand avec une envergure qui peut atteindre les deux mètres quarante. Chez cet oiseau de proie, l’éclosion des œufs a lieu en avril et les poussins sont nourris au nid jusqu’en juillet, le temps pour eux de suffisamment se garnir de plumes.

Lorsque les bébés ont fini de s’empenner, ils doivent peu après partir voler de leurs propres ailes et survivre par leurs propres moyens, généralement autour du mois d’octobre. « Ils vagabondent un peu partout jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de cinq ans et qu’ils commencent à chercher un partenaire ainsi qu’un territoire bien à eux », explique Dave Sexton du RSPB. « Si un oiseau immature devait réapparaître à proximité du nid de ses parents ou même de tout autre couple l’année suivant son départ, il serait sûrement chassé au loin. »

Toutefois, une famille de pygargues a récemment adopté un comportement exceptionnel, complètement à l’opposé de ces schémas traditionnels…

Aigle pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) aigles
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Du jamais vu chez ces aigles

Après une grosse tempête imprévue en juillet 2023, le nid du poussin, placé en hauteur, est soufflé par le vent et s’écrase violemment au sol. L’animal finit très blessé au niveau de son aile gauche. Les choses auraient alors pu s’arrêter là pour lui, mais ses parents en ont finalement décidé autrement. Au lieu de l’abandonner et de le laisser mourir, ils passent en effet une année entière à le nourrir en attendant qu’il guérisse. Même une fois devenu grand, ils continuent de s’en occuper quotidiennement au point même de rater la saison de reproduction en 2024. Le fait que le juvénile soit encore avec ses parents et qu’aucun œuf ni autre bébé n’ait été observé dans la famille rend ainsi l’évènement encore plus singulier.

Depuis un bateau, Dave Sexton, qui n’en croyait pas ses yeux, a ainsi pu apercevoir le père en train de nourrir le jeune aigle en convalescence avec du poisson. « J’ai regardé le skipper avec étonnement et nous avons tous les deux regardé, incapables de croire ce que nous venions de voir. J’étais stupéfait de voir ce comportement qui était nouveau pour moi malgré quatre décennies d’observation des pygargues à queue blanche sur le terrain », relate-t-il.

Le bébé s’est envolé

Grâce à l’aide de ses parents, le petit a pu s’envoler dès l’automne 2023 au cours d’un vol décrit par Dave Sexton comme chancelant. L’expert a également pu observer celui qu’il décrit comme le « poussin miracle » au printemps dans un tout nouveau nid, plus au nord de l’île. Dans des images capturées par le photographe Gary Jones et partagées par la BBC récemment, on peut voir l’animal dans les airs avec une protubérance au niveau de l’aile qui atteste de sa fracture maintenant soignée. Il est donc bien vivant et en bonne santé, à présent prêt à vivre sa vie d’aigle autonome.

Ce phénomène sans précédent laisse en tout cas un souvenir impérissable à Dave Sexton qui explique : « j’en ai aussi discuté avec d’autres experts sur les aigles en Écosse et à l’étranger et jusqu’ici, personne d’autre n’a rapporté ce type de comportement parental prolongé pour un poussin blessé. » Et de conclure : « on pense habituellement que les aigles sont impassibles, mais il pourrait clairement y avoir une tout autre facette de leur nature. […] J’aimais déjà les pygargues à queue blanche, mais maintenant, je pense que je les aime encore un peu plus. »

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.