Dénisoviens et humains modernes se sont-ils accouplés il y a 15 000 ans ?

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Crédits : L'Homme de Denisova / Capture France 2

Les Dénisoviens ne sont connus que par les restes d’os et de dents laissés dans la grotte de Denisova, en Sibérie. Mais ils ont laissé un autre héritage, génétique cette fois-ci. Et celui-ci nous réserve encore quelques surprises.

Mystérieux Dénisoviens

Lorsque les Hommes modernes ont commencé à quitter l’Afrique, ces derniers ont d’abord fait la rencontre des Néandertaliens, avant de s’accoupler avec eux. C’est pourquoi votre ADN contient probablement 1 % à 3 % de l’ADN de cet ancien cousin. Se dirigeant ensuite vers l’Asie, certains de nos ancêtres ont alors fait la rencontre des Dénisoviens, il y a environ 50 000 ans. Encore une fois, il y a eu accouplement. Nous savons en effet que certains habitants d’Asie du Sud-Est ont hérité de 3 à 5 % de l’ADN de cet ancien cousin mystérieux. Une récente étude vient néanmoins ébranler ce constat génétique.

De récentes analyses faites sur des habitants de Nouvelle-Guinée proposent en effet une première chose : que les Dénisoviens étaient en fait plus diversifiés qu’on ne le pensait. Leurs populations semblaient d’ailleurs aussi éloignées les unes des autres qu’elles ne l’étaient des Néandertaliens. Tout aussi surprenant, on apprend également que l’un de ces groupes a peut-être rencontré les humains modernes (et s’est reproduit avec eux), des dizaines de milliers d’années plus tard que ce que l’on pensait auparavant.

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Le chercheur Bence Viola et son équipe, dans la grotte de Denisova, en Sibérie. Crédits : (IAET SB RAS/Sergei Zelensky

Trois ADN différents

Dans le cadre de cette étude, une équipe de chercheurs a analysé les génomes complets de 161 personnes de 14 groupes en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dans l’ADN de 60 personnes de Nouvelle-Guinée, les biologistes sont alors tombés sur quelque chose d’inattendu. Jusqu’à présent, nous n’avions qu’un exemple d’ADN de l’Homme de Denisova, découvert dans la célèbre grotte sibérienne. On ne connaissait ainsi qu’une seule population [appelée JO]. Or, « les Papous possèdent l’ADN d’au moins deux [autres] populations de Denisovan, appelées D1 et D2 », expliquent les chercheurs.

Après avoir analysé ces mystérieux ADN, les biologistes ont alors constaté que ceux-ci provenaient de populations si éloignées les unes des autres qu’elles avaient divergé il y a au moins 283 000 ans. La population de D2 serait la plus éloignée des Dénisoviens sibériens, se séparant il y a environ 363 000 ans. En d’autres termes, ces désormais trois populations de Dénisoviens sont presque aussi éloignées les unes des autres qu’elles le sont des Néandertaliens. Au point que le groupe « D2 » pourrait même avoir besoin d’un nouveau nom, suggèrent les chercheurs.

L’analyse de l’ADN « D1 », de son côté, que l’on ne trouve qu’en Nouvelle-Guinée, laisse à penser que cette population s’est « mêlée » à l’Homme moderne il y a 15 000 à 30 000 ans. D’autres recherches devront confirmer [ou non] ces résultats, mais il se pourrait qu’un groupe tardif de Dénisoviens ait effectivement pu réussir à survivre dans les montagnes reculées de la Nouvelle-Guinée avant de rencontrer nos ancêtres à cette époque.

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