Découverte d’un site de nidification de titanosaures au Brésil

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Illustration de plusieurs titanosaures. Crédits : Julia d'Oliveira

Une équipe de paléontologues annonce la découverte de plusieurs Å“ufs de titanosaures contenus sur un seul et même site. On pensait auparavant que ces énormes dinosaures devaient probablement migrer plus au sud pour pondre. Visiblement, ce n’était pas nécessairement le cas. Les détails de cette incroyable découverte sont publiés dans la revue Scientific Reports.

Les sauropodes, un groupe d’herbivores connus pour leur long cou, étaient un type diversifié de dinosaures ayant fréquenté la Terre du Jurassique au Crétacé (de 201 millions d’années à 66 millions d’années). Les titanosaures étaient un clade de sauropodes, le dernier de cette lignée à exister sur cette planète. Il inclut quelques-unes des créatures les plus lourdes ayant jamais marché sur notre planète, comme Argentinosaurus et Paralititan qui pesaient peut-être jusqu’à cent tonnes.

L’Amérique du Sud est connue pour ses fossiles de titanosaures, en particulier l’Argentine, où des sites de nidification et des restes embryonnaires ont déjà été retrouvés. On a également déjà retrouvé des coquilles d’Å“ufs de titanosaures en Uruguay, au Pérou et au Brésil, mais ces restes n’étaient que fragmentaires. Ici, une équipe annonce avoir découvert un véritable site de nidification au Brésil.

La découverte marque le site de nidification des titanosaures le plus septentrional d’Amérique du Sud. Cela suggère que ces animaux n’avaient pas forcément besoin de migrer vers le sud pour pondre leurs Å“ufs, comme on le pensait auparavant compte tenu du manque de preuves fossiles.

Une couvée de dix œufs parfaitement conservés

Tous ces Å“ufs, une vingtaine au total, ont été récupérés par le paléontologue João Ismael da Silva et son équipe, de l’Université fédérale brésilienne de Triângulo Mineiro, sur le site calcaire d’une ancienne ancienne carrière Lafarge. La mine, qui a fonctionné pendant 26 ans, a sans aucun doute anéanti de nombreux fossiles, mais certains trésors ont pu être conservés. Ces Å“ufs en témoignent. Le site a fourni des fossiles de crocodyliformes, de théropodes, de titanosaures, de poissons ou même de gastéropodes.

La couvée la mieux conservée contient dix œufs parfaitement sphériques entassés. Huit font face à la surface tandis que les deux autres sont couchés sous les autres. Tous ont été trouvés dans au moins deux couches de sédiments, suggérant que ces énormes dinosaures revenaient année après année au même endroit pour pondre.

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Plusieurs Å“ufs fossiles trouvés sur place. Les images obtenues par tomographie informatisée montrent la faible épaisseur des coquilles et l’absence de restes embryonnaires à l’intérieur. Crédits : Agustín G. Martinellii

De petits oeufs pour de grands animaux

Nous savons par ailleurs qu’il s’agit d’oeufs de titanosaures compte tenu de leur correspondance aux oeufs distinctement sphériques trouvés ailleurs dans le monde, bien que ces oeufs de Ponte Alta soient légèrement plus petits et plus minces.

Chacun mesure environ 12 à 18 centimètres de diamètre. À titre de comparaison, ils sont quasiment aussi gros qu’un Å“uf d’autruche. Seulement, il convient de rappeler qu’une autruche ne mesure que 1,8 mètre de haut, tandis que certains titanosaures brésiliens auraient pu atteindre des hauteurs allant de 3,5 à 18 mètres de haut. En d’autres termes, les Å“ufs pondus par ces sauropodes étaient très petits par rapport à leur taille globale.

Ce constat soulève évidemment la question suivante : comment des créatures aussi massives et puissantes pouvaient-elles pondre des Å“ufs petits et fragiles ? Il n’y a pas encore de consensus sur le sujet. Certains pensent que ces dinosaures pondaient des œufs à coquille molle capable de durcir au contact de l’air. Certains animaux modernes ont adopté cette stratégie. Le fait de s’accroupir près du sol aurait également pu aider à réduire la violence de l’impact au moment de l’expulsion.

D’autres ont également proposé une sorte de canal conducteur flexible capable de s’étendre à l’extérieur du corps des femelles, comme les tortues marines modernes. Cependant, aucun fossile retrouvé ne nous permet de le prouver.

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Comparaison des plus grands sauropodes. Argentinosaurus est en rouge. Crédits : Dinoguy2

Les fouilles se poursuivent

De nombreux Å“ufs de Ponte Alta présentent également des fissures et des signes de pression sédimentaire, indiquant que ces titanosaures ont creusé leurs nids. Certains des pores de ces coquilles diffèrent également légèrement de ceux d’autres endroits. Les Å“ufs amniotiques développent en effet des pores pour faciliter la diffusion des gaz produits par la respiration de l’embryon. Les pores distinctifs de ces derniers pourraient indiquer qu’ils étaient spécifiquement adaptés à l’environnement de Ponte Alta. Cela pourrait à voir avec le type de sol, mais aussi son éventuelle aridité ou humidité par exemple.

Les paléontologues prévoient de continuer le travail de fouille à la carrière pour tenter de trouver d’autres Å“ufs plus petits permettant de faire des tomographies. De cette manière, ils pourraient éventuellement isoler des ossements à l’intérieur. L’analyse de ceux déjà découverts n’a pour le moment rien donné de ce côté-là.