Les débris du satellite russe constitueront une menace pendant des années

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Crédits : Agence Spatiale Européenne (ESA)

En début de semaine, un test antisatellite avait contraint sept astronautes de l’SS à se réfugier dans leur vaisseau pour se protéger des débris générés par l’impact. Ces derniers augmenteront de plus de 100 % le nombre de manœuvres d’évitement effectuées par les opérateurs de satellites dans les prochaines années.

La Russie a mené ce lundi 15 novembre un test de missile antisatellite visant une ancienne structure de surveillance soviétique nommée Kosmos 1408. Le satellite, qui pesait alors deux tonnes, évoluait à 650 kilomètres au-dessus de la Terre. En conséquence, l’explosion a créé un vaste nuage d’environ 1500 débris traçables, forçant les sept astronautes de la Station Spatiale internationale (ISS) à se réfugier dans leur vaisseau par précaution.

Une sérieuse menace pour l’avenir

Si dans l’après-midi du lundi, la situation à bord de la station était revenue à la normale, certains experts préviennent désormais que ces débris spatiaux resteront un danger pour les années à venir. Ils menaceront en effet les satellites en orbite basse (LEO), ainsi que les futurs équipages des différentes stations spatiales.

Hugh Lewis, chef du groupe de recherche en astronautique de l’Université de Southampton, estime qu’environ la moitié de ces fragments traçables pourraient brûler dans l’atmosphère au cours des deux prochaines années. En revanche, le reste pourrait effectivement rester dans l’espace pendant plus d’une décennie.

« Une fois ces fragments catalogués, je m’attends à voir de nombreux passages rapprochés avec des satellites et d’autres objets en orbite terrestre basse, menaçant potentiellement a sécurité spatiale« , a-t-il déclaré.

Des calculs préliminaires suggèrent également que le nuage de débris augmentera le nombre de manœuvres d’évitement effectuées par les opérateurs de plus de 100 % dans les prochaines années, souligne Tim Flohrer, chef du bureau des débris spatiaux de l’Agence spatiale européenne (ESA), à Space.com.

En plus de ces 1 500 fragments traçables, l’impact a également libéré des centaines de milliers de pièces plus petites invisibles pour les observateurs terrestres, selon le US Space Command (USSC), responsable des opérations militaires dans l’espace extra-atmosphérique. Ces microfragments pourraient donc nous promettre quelques mauvaises surprises à l’avenir.

Rappelons que la Station Spatiale internationale n’est pas la seule structure à évoluer dans la région touchée. La constellation Starlink de SpaceX, qui comprend actuellement près de 1 850 satellites, est également concernée.

ISS débris
Crédits : Darryl Fonseka / iStock

Les États-Unis condamnent, la Russie tempère

Les États-Unis n’ont pas hésité à condamner la manœuvre, soulignant qu’elle affectera la sécurité à long terme de toutes les opérations en orbite terrestre basse. « La Russie a fait preuve d’un mépris délibéré pour la sécurité, la sûreté, la stabilité et la durabilité à long terme du domaine spatial pour toutes les nations« , ont notamment déclaré le général de l’armée américaine James Dickinson et le commandant du Commandement spatial américain, dans un communiqué de l’USSC.

Le ministère russe de la Défense, qui a confirmé le test, soutient quant à lui que ses débris ne présentaient aucun risque pour l’ISS, assurant que la « sécurité inconditionnelle de l’équipage » était pour le pays « une priorité« .

Rappelons enfin que ce n’est pas le premier test de ce genre effectué. Il y a deux ans, l’Inde avait également mené un test de missile antisatellite, visant toutefois un satellite beaucoup plus proche de la Terre, à 282 km de latitude. En conséquence, la plupart des débris générés par cette frappe s’étaient désintégrés dans l’atmosphère terrestre en quelques semaines.

Le test russe est en revanche beaucoup plus préoccupant en raison de l’altitude plus élevée du satellite ciblé. Les débris d’un test similaire mené par la Chine en 2007, qui visait un satellite évoluant à 865 km, constituent d’ailleurs encore aujourd’hui une source majeure de risque de collision en orbite terrestre basse.