De la Manche aux Îles Canaries : 100% des échantillons d’eau de mer contaminés aux micro-plastiques

particules plastique
Crédits : Tunatura - istock

La lutte contre le plastique dans l’eau des rivières, fleuves, mers et océans est l’objectif principal de l’association Wings of the Ocean. Ces derniers mois, l’équipe de bénévoles a analysé 50 échantillons d’eau de mer de Cherbourg aux Îles Canaries. Les résultats sont consternants : 100% contenaient des micro-plastiques.

Peut-on sauver les océans de la pollution plastique ?

Nous sommes obligés de croire que nous pouvons au moins essayer de limiter et de maîtriser la pollution plastique de nos cours d’eau et océans. Les associations de protection de l’environnement ou Zéro déchet sont de plus en plus nombreuses. Partout dans le monde, des mouvements se créent pour organiser des ateliers zéro déchet, des ateliers recyclage ou réparation ou des collectes de déchets.

Les collectivités aussi prennent davantage d’initiatives, comme ces communes qui interdisent de fumer sur leurs plages, dans les parcs ou qui installent des cendriers de sol dans la rue

Les efforts commencent sur les plages, dans la rue, sur les bords des rivières et sur les chemins, partout où les déchets peuvent finir emportés par l’eau.

Des villes et des pays entiers bannissent le plastique à usage unique, en Europe cela devrait être pour 2021. Aujourd’hui, le mouvement zéro déchet ne peut que se renforcer.

wings of the ocean
Crédits : wings of the ocean

Wings of the Ocean : quel programme pour l’été 2019 ?

Le 25 juin 2019, Julien Wosnitza (JW), président de l’association, a répondu à quelques questions pour Sciencepost (SP).

SP : Avez-vous ramassé beaucoup de déchets en plastique depuis notre dernière interview en Avril 2019 ?

JW : “Entre mars et mai 2019, 1500 kilos de déchets plastiques ont été ramassés entre la Manche et les Îles Canaries. Mais le plus alarmant, c’est la quantité de micro-plastiques retrouvée dans les 50 échantillons analysés sur tout le trajet : 100% en contenaient !”

SP : Que faites-vous des déchets collectés ?

JW : “Jusque là, nous les remettons aux autorités locales compétentes qui s’occupent de leur recyclage. Mais nous avons trouvé un partenaire qui a inventé une fibre textile éco-responsable : Seaqual s’est spécialisé dans le recyclage du plastique marin en nouvelles fibres de polyester.”

SP : Où serez-vous cet été ?

JW : “En juillet nous serons en Corse pour exécuter un plan de dépollution avec l’association CorseaCare, puis en août et septembre nous viendrons sur les côtes méditerranéennes. 

Plusieurs collectes de déchets et campagnes de sensibilisation sont prévues sur des plages et dans des centres aérés de Méditerranée. L’équipe de Wings of the Ocean sera à Sète, La Grande Motte et Marseille pour travailler en partenariat avec des bénévoles de la Surfrider Foundation, CestMed (centre de soins pour tortues), Plastic Odissey, GhostMed, ObsenMer et Safe Med.

L’objectif est de continuer à travailler avec des associations sur les côtes françaises et européennes pour dépolluer les plages et faire des relevés scientifiques. Nous accueillons toujours des éco-volontaires sur le bateau, le Kraken, qui a eu droit à de récentes réparations.”

collecte déchets plastique plage
Crédits : wings of the ocean

SP : Financièrement, comment ça se passe ? Disposez-vous de subventions publiques ou de nouveaux sponsors ?

JW : “Je sais que nous pourrions avoir le droit à plusieurs niveaux de subventions (ONU, Europe, Ministère, Région…) mais la préparation des dossiers prend beaucoup de temps et je n’ en ai pas assez pour m’en occuper. Nous avons besoin de bénévoles pour nous aider sur ce point et pour la recherche de sponsors. 

Nous espérons pouvoir compter sur un nouveau partenaire de taille en 2019, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. Nous avons réalisé une campagne de crowdfunding pour essayer d’obtenir 70.000€ afin de payer les réparations du bateau, qui ont été faites, et nous remercions les donateurs pour les 20.000€ récoltés.”

SP : Avez-vous reçu une réponse à la lettre ouverte que vous aviez adressée à François Pinault et Bernard Arnault le 16 avril dernier, dans laquelle vous demandiez une enveloppe de 100 millions d’euros “pour déployer 35 bateaux à chaque embouchure de fleuve et payer les salaires des marins qui effectueront cette dépollution.” ?

JW : “Non, avec regret je n’ai reçu aucune réponse à cette lettre ouverte, mais le projet est toujours d’actualité et nous recherchons de généreux donateurs. Dix fleuves sont concernés : deux en Afrique et huit en Asie. L’association utilisera un système utilisant des chaluts de surface tractés par des petits bateaux à voile.”

 

Quelles alternatives au plastique ?

Pour participer à la réduction de la pollution plastique, on peut commencer par utiliser moins de produits en plastique, emballés de plastique ou à base de pétrole, très nombreux : gaz (propane, butane), plastiques, vaseline, colles, essence, gazole, kérosène, fiouls lourds, bitume…

De nombreuses alternatives à la plupart de ces produits à base de plastique ou de pétrole existent, comme :

– les savons, shampoings, dentifrices et déodorants solides (sans emballage ou emballage réutilisable), la brosse à dents en bambou,

– les boîtes réutilisables et les wraps à la cire d’abeille au lieu des emballages en plastique,

– la lessive et le liquide vaisselle maison,

– l’éponge végétale, les serviettes et mouchoirs en tissu,

– l’achat en vrac, la nourriture maison plutôt qu’industrielle..

– les énergies renouvelables, le bitume végétal (à base de végétaux broyés)…

Articles liés :

[Infographie] Planète : 16 chiffres chocs – Quand la chaîne déraille

Une “île” de plastique repérée au large de la Corse

Ce milliardaire veut construire un immense yacht pour collecter 5 tonnes de plastique par jour !