Confinement : pourquoi ne pas en profiter pour éteindre les lumières des villes ?

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Crédits : Jaro Nemčok / Wikipedia

En France, le confinement a donné à certaines municipalités l’occasion de diminuer leurs éclairages. Outre la possibilité de préserver l’environnement, il est également question de faire des économies plutôt bienvenues au regard de la situation sanitaire actuelle.

D’importantes économies

Avec les questions sur l’éclairage urbain, viennent celles concernant la pollution lumineuse. En 2017, nous évoquions une étude allemande ayant conclu à une augmentation de 2 % par an entre 2012 et 2016 de la lumière artificielle en ville. À l’échelle mondiale, 83 % de la population n’a jamais de nuit totalement noire et se retrouve logiquement incapable de vraiment observer les étoiles. La France ne fait pas exception, mais certaines municipalités ont décidé d’agir.

Comme l’explique We Demain dans un article du 6 novembre 2020, la ville de Bayeux (Calvados) a récemment décidé d’éteindre ses éclairages publics de 00h à 05h du matin. La municipalité avait déjà tenté une expérience similaire lors du premier confinement. Pour Arnaud Tanquerel, adjoint au maire en charge de l’environnement, la question est sur la table depuis longtemps. En revanche, le confinement incarne l’élément déclencheur car les rues sont désertes la nuit. D’autres municipalités ont pris des décisions comparables. Citons par exemple Collioure (Pyrénées-Orientales), Orsay (Essonne) ou encore Quimperlé (Finistère).

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Crédits : Pavlofox / Pixnio

Réduire l’éclairage public permet de contribuer à la préservation de l’environnement. Cependant, les municipalités franchissent souvent le pas en raison des économies potentiellement réalisables. Anne-Marie Ducroux, présidente de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (Anpcen) évoque une réduction de la facture énergétique entre 25 et 75%. Rappelons qu’en France, l’éclairage public coûte environ 2 milliards d’euros chaque année. Or, il s’agit du quart de la consommation énergétique du pays et le second poste de dépense des collectivités. Par exemple, la municipalité de Bayeux pense pouvoir économiser entre 120 000 et 130 000 euros par an. Il s’agit là d’une somme non négligeable en cette période de crise.

Différents enjeux

Outre la réduction de la consommation énergétique et la visibilité des étoiles dans la nuit, la liste des enjeux est plutôt longue. Citons notamment le fait que 30 % des vertébrés et 65 % des invertébrés vivent la nuit. Ainsi, ceux-ci ont besoin d’obscurité pour se nourrir, se reproduire, etc. Le fait est que l’augmentation de l’éclairage citadin la nuit est l’un des principaux facteurs de disparition des insectes en ville.

Les lumières de la ville impactent également le rythme de vie et la santé des humains. Avec les mesures de réduction de l’éclairage, certains citoyens disent retrouver un sommeil de qualité. Citons également le sentiment d’insécurité pouvant apparaître en cas d’une volonté de tout éteindre ou presque. Effectivement, certaines professions sont actives la nuit comme le personnel médical, les pompiers, ou encore les forces de l’ordre. Bénéficier d’un éclairage public la nuit s’avère en effet rassurant.

Rassurer les citoyens est important, mais le fait est qu’il est possible de s’adapter. Par exemple, il peut s’agir de laisser éclairées certaines zones très passantes, ou encore les zones aux abords des hôpitaux et des postes de police. D’autres efforts peuvent être faits en retirant seulement quelques lampadaires çà et là. Il est aussi possible de procéder à quelques ajustements comme installer des systèmes de détection de mouvement humain, ou encore baisser la puissance et la hauteur des lampadaires.