De nouvelles recherches suggèrent que les sources de lumière artificielle peuvent être néfastes aux populations d’amphibiens. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Environmental Pollution.
En 2016, la revue Sciences Advances publiait un atlas mondial de la pollution lumineuse. À l’échelle mondiale, on apprenait alors que 83 % de la population ne profite jamais de nuits totalement noires. La lumière artificielle est omniprésente, et forcément, il y a des conséquences pour la faune sauvage. Nous savons que les papillons de nuit et autres insectes, oiseaux migrateurs, rapaces et mammifères nocturnes sont particulièrement affectés par nos lumières. Mais qu’en est-il des amphibiens ?
« La recherche sur les effets de la pollution lumineuse a récemment connu un regain de popularité, explique Jessica Hua, professeure adjointe de sciences biologiques à l’Université de Binghamton (États-Unis). Il est difficile de trouver un endroit sur Terre qui ne soit pas affecté par une pollution lumineuse, même minime. Nous avons néanmoins reconnu une lacune dans la recherche et réalisé que nous ne savions pas grand-chose sur l’impact de la pollution lumineuse sur les amphibiens. Comme ces animaux sont sensibles aux changements environnementaux, ils sont d’excellents modèles pour étudier l’impact de la pollution, quelle qu’elle soit, sur les autres espèces ».
Plus gros, moins actifs, et plus sensibles
Pour cette étude, la chercheuse et son équipe ont exposé plusieurs grenouilles des bois à deux sources d’éclairage artificiel. À un éclairage de jour dans un premier temps, puis à une lumière artificielle de nuit. Ils se sont alors aperçus que les deux sources de lumière diminuaient le succès d’éclosion des têtards. Autre observation importante : sous l’éclairage de nuit, les têtards étaient plus gros et moins actifs. Ils étaient également plus sensibles à la pollution par les sels de voirie et sujets aux infections parasitaires.

« Globalement, je pense que le principal élément de cette étude est que l’exposition à la lumière nocturne peut rendre les amphibiens plus vulnérables, explique la chercheuse. C’est inquiétant, car ce sont des facteurs de stress (sels de voirie, parasites) courants que de nombreux amphibiens doivent affronter ».
Les chercheurs se penchent actuellement sur les effets de la pollution lumineuse sur d’autres organismes connus pour interagir avec les têtards : les larves de demoiselles (zygoptères). « Il est essentiel de comprendre l’impact des activités humaines sur la faune afin de pouvoir prendre des décisions plus responsables concernant la manière dont nous procédons à des activités telles que l’urbanisation et la construction », conclut la chercheuse.
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