La Lune exerce une force gravitationnelle reconnue sur les marées. Toutefois, ses effets ne s’arrêteraient pas là et s’étendraient aussi… aux accidents de la route. Si vous pourriez supposer que la lumière supplémentaire d’une pleine lune offrirait pourtant aux conducteurs une meilleure visibilité sur la route, réduisant ainsi les risques d’accident, une étude récente suggère en effet que le risque de collisions entre la faune et les véhicules augmente au contraire considérablement lors des nuits de pleine lune.
Comme quoi, la pleine lune ne perturbe pas que notre sommeil…
Plus de collisions avec la faune pendant la pleine lune
Pour cette étude, publiée dans le journal Transportation Research Part D: Transport and Environment, des chercheurs de l’Université A&M du Texas (États-Unis) ont examiné de près les rapports de collisions nocturnes entre la faune et les véhicules dans l’État sur 112 cycles lunaires entre janvier 2011 et janvier 2020.
« J’ai comparé des nuits très sombres sans illumination lunaire (nouvelle lune) à des nuits très sombres avec l’illumination de la pleine lune. Si vous incluez d’autres phases lunaires dans l’analyse, elles apparaissent à l’horizon à des moments différents chaque jour, ce qui complique les comparaisons rigoureuses », explique Kentaro Iio, auteur de l’étude et ancien étudiant à l’établissement texan.
Malgré ces difficultés, les chercheurs ont découvert une augmentation frappante de 45,8 % des collisions avec la faune lors des nuits de pleine lune par rapport aux nuits de nouvelle lune. Fait intéressant : cette augmentation des accidents ne s’étendait pas aux collisions n’impliquant pas d’animaux qui n’ont montré aucune différence significative sur les mêmes périodes. Ce schéma a ainsi conduit l’équipe à conclure que la lumière plus vive de la pleine lune est « fortement associée » à un risque accru de choc.

Zones rurales contre zones urbaines : une différence encore plus marquée
Cette étude a également réparti les données en différentes régions du Texas pour comparer les zones rurales et urbaines. Or, « les zones rurales avaient tendance à avoir des ratios de collision plus élevés concernant la pleine lune que les zones urbaines », explique Iio.
Dominique Lord, le co-auteur de ces recherches, explique que la densité plus faible de la faune et la pollution lumineuse en milieu urbain pourraient contribuer à des résultats plus faibles dans ces zones. L’effet de l’illumination lunaire pourrait aussi se trouver atténué dans ces zones plus lumineuses.
Comment expliquer ce risque de collision plus élevé les soirs de pleine Lune ?
Des études antérieures menées à travers le monde, y compris dans des régions d’Espagne, du Canada et de Lituanie, ont également trouvé des tendances similaires d’augmentation des collisions pendant cette période charnière du cycle lunaire. Chacune avait alors utilisé des méthodes différentes et proposé diverses explications possibles.
Ici, l’étude se contente d’examiner les statistiques et ne tente pas d’expliquer en détail la corrélation entre les accidents de voiture et les pleines lunes, bien qu’en se basant sur les résultats de ces études passées, les chercheurs évoquent brièvement que cela pourrait être lié à la fatigue des conducteurs la nuit ou à une activité animale accrue.
« Collectivement, les résultats font allusion à l’idée possible que certains niveaux d’activité de la faune sont plus élevés lors des nuits de pleine lune que lors des nuits plus sombres, car les animaux peuvent peut-être voir davantage leur environnement sous une pleine lune. Cependant, nous nous abstenons d’entrer dans les détails de cette explication, car les auteurs ne sont pas spécialisés en écologie animale », précise l’étude.
Des lacunes à combler
Ces travaux ne s’attardent pas sur l’identification des espèces sauvages impliquées dans ces collisions ni même sur les variations de l’intensité de la luminosité au cours de la période étudiée pour les zones géographiques analysées. De futures études pourraient combler ces lacunes en étudiant les causes précises de ce phénomène insolite ou en récoltant des données plus précises concernant les volumes de trafic, l’illumination et l’identification des espèces sauvages par région.
Des pistes pour éviter les accidents

L’étude souligne l’importance d’une prudence accrue de la part des conducteurs, en particulier pendant les nuits plus lumineuses. Selon les chercheurs, cela pourrait également aider à informer les politiques de transport et les améliorations des infrastructures où des mesures de sécurité renforcées sont nécessaires. Des améliorations potentielles, telles qu’une augmentation de l’éclairage dans les zones rurales, l’ajout de réflecteurs d’avertissement pour la faune le long des routes rurales ou des services d’urgence renforcés lors de nuits spécifiques, pourraient également donner le change.
À cela s’ajoute la perspective d’avancées technologiques prometteuses pour atténuer les collisions entre les animaux sauvages et les véhicules. Par exemple, des capteurs ou des caméras capables de détecter la présence d’animaux sauvages pourraient alerter les conducteurs en temps réel. Les systèmes de freinage automatique et les capacités de vision nocturne améliorées des nouvelles automobiles peuvent aussi jouer un rôle crucial dans la prévention des accidents.
Enfin, l’activité de la faune augmente souvent lors des nuits éclairées par la pleine lune, les animaux profitant de la visibilité accrue pour chercher de la nourriture et interagir socialement. Ce comportement peut toutefois varier considérablement selon les espèces et les régions. En identifiant ces schémas, les chercheurs peuvent néanmoins développer des stratégies ciblées pour atténuer les risques de collision.
