Tous les scientifiques s’accordent à dire que les mégalodons, qui sont les plus gros requins ayant jamais existé, ont disparu depuis des millions d’années. Pourtant, des rumeurs selon lesquelles ces poissons surdimensionnés seraient toujours de ce monde circulent toujours. Certaines vidéos sur TikTok et YouTube, qui spéculent sur la façon dont ils auraient pu survivre, font encore des millions de vues. Est-il vraiment possible que les mégalodons soient toujours présents de nos jours ?
Les mégalodons étaient des bêtes énormes
Les mégalodons (Carcharocles megalodon) sont de gros requins connus pour avoir fréquenté les mers du monde entier pendant l’ère du Cénozoïque. Certains individus pouvaient mesurer plus de quinze mètres de long. Ces animaux avaient un corps massif et puissant, avec une mâchoire imposante ainsi que des dents larges et dentelées, certaines pouvant mesurer entre 10 et 18 centimètres de long. Ces dents pouvaient saisir et déchiqueter des proies de grande taille. Les mégalodons se nourrissaient donc probablement de mammifères marins tels que les baleines.
Les preuves directes de l’existence de ces poissons nous viennent d’ailleurs de leurs dents qui sont composées de tissus durs et minéralisés, ce qui les rend plus résistantes à la décomposition et à la destruction. À l’inverse, le squelette de ces requins, qui était composé principalement de cartilage, se décomposait rapidement après la mort, tout comme les tissus mous.
Le fait que les dents de ces requins aient été continuellement remplacées tout au long de leur vie a également aidé, puisqu’elles ont été dispersées dans l’environnement.
Absence de registres fossiles après 2,6 millions d’années
Les dents de mégalodon sont donc relativement courantes dans les registres fossiles et peuvent être trouvées dans diverses formations géologiques datant de l’ère du Cénozoïque jusqu’à environ 2,6 millions d’années avant notre ère. Cependant, après cette période, les preuves directes de la présence de mégalodons sont inexistantes. C’est l’une des principales raisons permettant d’affirmer l’extinction de ces animaux.

Impact nul sur la chaîne alimentaire
Jack Cooper, de l’université de Swansea (Royaume-Uni) et membre du Pimiento Research Group, évoque également son impact sur la chaîne alimentaire. Celle-ci, dit-il, serait très différente si l’espèce était encore vivante. Les mégalodons n’étaient pas seulement de très gros requins côtiers, ils étaient aussi des prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, situés bien plus haut que n’importe quel autre prédateur marin vivant. En tant que tels, ils auraient eu une énorme influence sur les écosystèmes océaniques.
« Leur disparition a eu des conséquences en cascade. Les baleines, l’une de leurs principales proies, sont devenues encore plus grosses après leur extinction« , note le chercheur, interrogé par Livescience « Certains des plus grands mammifères marins d’aujourd’hui, comme la baleine bleue, n’ont en effet évolué qu’après l’extinction du mégalodon. En bref, le réseau trophique moderne a été partiellement façonné par l’absence de mégalodon.«
En ce sens, toute suggestion que le mégalodon existe encore potentiellement dans des régions océaniques inexplorées « est un non-sens complet basé sur aucune preuve crédible« , ajoute le chercheur.

Aucun habitat disponible
Sur Internet, certains évoquent également l’idée que ces énormes requins pourraient se cacher de nos jours dans les profondeurs océaniques, et notamment dans les fosses, comme celle des Mariannes. Cependant, là encore, l’hypothèse ne tient pas. Ces anciens géants seraient en effet bien incapables d’évoluer dans un environnement aussi inhospitalier.
« Les profondeurs marines seraient des habitats totalement inadaptés à un si grand prédateur« , poursuit le chercheur. « Nous trouvons tout le temps des requins des grands fonds et aucun ne se rapproche de la taille d’un géant de vingt mètres. Et rappelons que les mégalodons consommaient probablement des proies assez grosses. Or, la fosse des Mariannes supporte essentiellement une vie microscopique qui serait bien incapable de rassasier ne serait-ce qu’un seul de ces prédateurs« .
Pour comprendre pourquoi le mégalodon ne pourrait pas survivre dans les océans d’aujourd’hui, il peut également être utile de comprendre comment il s’est éteint. Bien que la cause exacte soit inconnue, il existe plusieurs théories dominantes, dont celle du changement climatique qui a entraîné une réduction du niveau de la mer à partir de l’époque pliocène (il y a 5,3 à 2,6 millions d’années). Cette réduction aurait considérablement affecté les habitats côtiers du mégalodon et de leurs proies. Cela signifiait donc moins d’espace et moins de disponibilité de nourriture pour reconstituer l’énorme quantité d’énergie dont ils avaient besoin au vu de leur taille. Or, le niveau de la mer d’aujourd’hui reste généralement bien inférieur à celui du Pliocène.
Une autre théorie dominante est celle de la concurrence avec le grand requin blanc qui a émergé il y a quelques millions d’années. Or, ces requins sont encore bien présents de nos jours. Bien entendu, il est aussi possible que leur extinction résulte de la combinaison de ces deux facteurs.
