La police peut s’appuyer sur divers indices pour identifier un meurtrier et obtenir un faisceau de preuves pour mener à sa condamnation. Cela inclut entre autres notamment les preuves physiques (empreintes digitales, traces ADN, expertises balistiques, résidus de poudre, etc.), l’interrogatoire des proches, les enregistrements de caméras de surveillance et les témoignages de témoins oculaires, mais aussi l’analyse des téléphones portables, des réseaux sociaux et des mouvements bancaires pour révéler des comportements suspects ou des mobiles. Toutefois, en 2002, c’est grâce à de simples orties qu’une botaniste a réussi à aider les autorités dans le cadre d’une affaire sordide impliquant le meurtre de deux fillettes.
Des orties pour débloquer une affaire de meurtre
La Dre Patricia Wiltshire, botaniste et palynologue (spécialiste en plantes et en pollen), est passionnée par le monde végétal depuis ses plus jeunes années et utilise son expertise depuis trois décennies pour aider les forces de l’ordre à résoudre des affaires difficiles. « L’analyse minutieuse des plantes peut fournir des indices précieux, même dans des situations aussi tragiques que celles-ci », expliquait-elle en effet dans une interview publiée ce dimanche 30 juin par BBC Radio 4.
Ces affirmations se confirment quand on retrace les évènements entourant les meurtres de Soham, une localité proche de Cambridge (Royaume-Uni). Lorsque les corps de Holly Wells et de Jessica Chapman, deux écolières de dix ans, furent découverts dans un fossé en 2002, à l’effroi face à cette découverte s’ajoutait l’incompréhension de la police, incapable de retracer le chemin emprunté par le tueur qui n’avait laissé ni indices ni traces dans cet endroit en apparence impénétrable recouvert d’orties très hautes. Il fut ainsi décidé en première intention d’appeler la spécialiste pour mettre au jour des indices au sein de ces plantes qui arrivaient alors à hauteur de poitrine.
Ce que lui apprennent les orties
De son œil expert, elle repère vite des traces indiquant que ces plantes avaient été piétinées, puis avaient repoussé depuis le passage du meurtrier. Cela permit d’estimer le crime à près de deux semaines auparavant. En s’appuyant sur des indices visuels, elle suivit également le chemin emprunté, ce qui permit de découvrir de nouveaux indices, notamment un cheveu appartenant à l’une des victimes sur une brindille. Grâce à ces informations, la police put établir une chronologie des évènements.
Une fois un suspect trouvé, elle put aussi compter sur Patricia Wiltshire pour identifier du pollen sur les chaussures et la voiture du suspect qui le liait à la scène de crime. Finalement, Ian Huntley, un gardien dans une école voisine à celle des fillettes, fut déclaré coupable, une condamnation assortie de deux peines d’emprisonnement à vie.

La nature pour confondre les criminels
La botaniste estime que son travail peut aider les autorités à résoudre des crimes de deux manières. Parfois, du pollen peut aider à identifier la zone où le crime a eu lieu en identifiant le type de plantes présentes sur place ainsi le climat et la géologie locaux, aidant ainsi à la recherche des corps et des endroits où se produisent les meurtres. Parfois, elle peut néanmoins aussi intervenir directement sur la scène de crime pour trouver des indices imperceptibles pour des yeux profanes : traces minuscules sur les feuilles, brindilles cassées…
De nombreuses affaires à son actif
Grâce à sa connaissance exceptionnelle des plantes, du pollen, mais aussi du sol, la Dre Patricia Wiltshire a pu intervenir dans le cadre de 300 enquêtes criminelles dans le monde entier, s’imposant comme une pointure unique dans son domaine. Elle a notamment participé à quelques enquêtes marquantes comme le meurtre non élucidé du petit Christopher Laverack, résolu près de trente ans après les faits grâce à l’aide de la spécialiste qui a retrouvé du pollen et d’autres traces végétales sur les vêtements du jeune garçon et sur la brique utilisée pour lester son corps qui menèrent finalement à la propriété de son oncle.
Elle est aussi intervenue sur le cas du meurtre de Sarah Payne, une petite fille dont le tueur a été confondu grâce à des traces de pollens, des spores et de terre sur ses affaires provenant de l’endroit où elle avait été enterrée, ou dans l’affaire Milly Dowler où l’analyse de feuilles et de la nature environnante a permis d’établir une chronologie des faits. Toutefois, l’une de ses affaires les plus marquantes implique les meurtres en série d’Ipswich. Steve Wright, l’étrangleur de Suffolk, a en effet tué cinq prostituées fin 2006 et du pollen sur ses gants et ses chaussures provenant du lieu boisé où les corps ont été retrouvés a aidé pour condamner le meurtrier à la prison à vie.
Aujourd’hui âgée de 82 ans, cette passionnée de nature entend bien continuer de travailler et d’aider la justice.
