Comment les vents d’ouest accélèrent la fonte des glaciers de montagne

Glaciers Alpes
Crédits : pxhere.

Au cours des dernières décennies, la quasi-totalité des glaciers de la planète a reculé. Et ce n’est pas qu’une simple question de température moyenne selon une étude menée par une équipe de chercheurs du Maine (États-Unis). Les résultats ont été récemment publiés dans la revue scientifique Geophysical Research Letters.

En décortiquant les mécanismes responsables du recul des glaciers dans les Alpes européennes et les Alpes néo-zélandaises, les scientifiques ont montré que l’élévation moyenne de la température directement liée à nos rejets de gaz à effet de serre n’expliquait pas tout. En effet, il faut également tenir compte de l’influence des vents d’ouest qui jouent un rôle amplificateur dans ce retrait.

La rétroaction des vents d’ouest sur les glaciers de moyennes latitudes

Voyons plus en détail comment les ceintures de vents d’ouest (une dans chaque hémisphère) amplifient le recul des glaciers. Selon leur latitude, elles vont moduler la proportion d’air chaud et d’air froid qui survole les massifs montagneux. En effet, plus les courants d’ouest sont proches des pôles, plus les masses d’air doux situées sur leurs flancs équatoriaux s’imposent et inversement lorsqu’ils s’en écartent. Or, avec le changement climatique, ces courants remontent vers les pôles. Le réchauffement régional est ainsi amplifié, ce qui accélère le recul des glaciers aux moyennes latitudes dans les deux hémisphères.

Représentation schématique des ceintures de vents d’ouest dans les deux hémisphères (flèches bleues avec tourbillons dépressionnaires). La ceinture de l’hémisphère Nord est discontinue en raison de l’influence des grandes masses continentales et des reliefs qui les accompagnent. Crédits : Sylvie Malardel.

« Ces résultats illustrent la sensibilité des glaciers de montagne à la dynamique atmosphérique de grande échelle », relate Aaron Putnam, l’un des coauteurs de l’étude. Outre le fait de mettre en évidence un processus amplificateur probablement sous-estimé, ces résultats ont également des implications significatives pour l’étude du climat des derniers milliers d’années, en particulier sur la manière dont la circulation atmosphérique a évolué en réponse aux forçages orbitaux, solaire ou encore volcanique.

« Reconstruire l’évolution passée des glaciers peut donc contribuer à donner un aperçu quantitatif de la façon dont de larges parties de l’atmosphère se sont comportées lors des épisodes passés de changement climatique, et peut à son tour offrir des indices sur la dynamique climatique d’un monde qui se réchauffe », détaille le chercheur. « Cette étude montre vraiment à quel point le système climatique de la Terre est imbriqué », ajoute Alexander Audet, auteur principal de l’étude.