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Comment la croûte océanique a-t-elle pu auparavant générer une baisse d’environ 30 mètres du niveau de la mer ?

Il y a entre quinze et six millions d’années, la production de croûte océanique a connu un important ralentissement. En conséquence, l’augmentation de la profondeur des bassins marins aurait causé une baisse du niveau de la mer allant de 26 à 32 mètres. Une étude récente permet d’en savoir davantage sur ce phénomène étonnant.

Une baisse de 35 % de la production de croûte océanique

Aujourd’hui, le réchauffement climatique est le principal responsable de la hausse du niveau de la mer en lien avec plusieurs phénomènes : la dilatation thermique de l’eau ainsi que la fonte des glaces et des calottes glaciaires. Néanmoins, la tectonique des plaques peut également avoir un effet sur la profondeur des océans, comme le souligne une étude publiée dans la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems le 21 février 2025. Selon l’équipe de l’Université Brown à Providence (États-Unis), l’expansion des fonds marins a connu un ralentissement il y a entre quinze et six millions d’années qui a eu pour conséquence une importante baisse du niveau de la mer.

Les travaux en question se sont basés sur des études passées qui avaient conclu à une baisse de 35 % de la production de croûte océanique à la même période. Or, cette baisse se serait produite suite à la formation de nouvelles roches au niveau des dorsales océaniques, ce qui aurait petit à petit repoussé les plus anciennes vers les zones de subduction. Le phénomène a entrainé une augmentation de la profondeur des bassins océaniques, causant ainsi une baisse du niveau de la mer à l’échelle globale. Selon les calculs des auteurs de l’étude, le ralentissement de l’expansion des fonds marins aurait provoqué une baisse du niveau des océans estimée entre 26 et 32 mètres.

dorsales océaniques
Les lignes rouges (1) représentent les dorsales océaniques.
Crédits : Eric Gaba / Wikipédia

Une combinaison de plusieurs causes

Les chercheurs ont analysé les effets du ralentissement sur le flux thermique en provenance du manteau terrestre. Habituellement, la chaleur arrivant des profondeurs de la Terre trouve des issues au niveau de la croûte océanique, en partie dans les zones où se trouvent les dorsales dans lesquelles les roches jeunes sont en contact direct avec l’eau. Or, sur la période étudiée, cette dissipation thermique aurait diminué de 8 % en moyenne avec une baisse qui pouvait atteindre jusqu’à 35 % près des dorsales océaniques. Ainsi, la chimie des océans a vraisemblablement été impactée, à la fois avec la dissolution des minéraux dans l’eau et les interactions hydrothermales.

Aussi, il faut savoir que la production de croûte océanique va de pair avec une activité volcanique sous-marine qui génère du CO2, ce dernier finissant ensuite sa course dans l’atmosphère. Autrement dit, la baisse de la production de croûte océanique aurait entrainé une réduction des émissions de CO2 et aurait donc favorisé un refroidissement climatique à l’échelle globale. Cela a son importante, car des températures plus froides favorisent l’expansion des calottes glaciaires avec le piégeage de davantage d’eau. Or, cela aurait également contribué à la baisse du niveau de la mer. À cette époque, ce phénomène combiné à une contraction thermique des océans aurait même pu provoquer une baisse supplémentaire de 60 mètres.

Si davantage de travaux seront nécessaires pour confirmer ces théories, les résultats de l’étude semblent pour l’instant cohérents avec les données de stratigraphie séquentielle qui proviennent d’échantillons de dépôts de sédiments prélevés en différents points sur la façade atlantique de l’Amérique du Nord.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.