Les cœlacanthes peuvent vivre un siècle, soit beaucoup plus que ce que la science pensait

Coelacanthe poisson fossile
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L’espérance de vie des cœlacanthes, des « poissons fossiles », a récemment été réévaluée. En utilisant des technologies plus précises qu’auparavant, des chercheurs français ont pris connaissance du fait que les précédentes observations étaient très loin de la réalité.

Les cœlacanthes, des poissons centenaires

Les cœlacanthes (ou coelacanthiformes) sont des poissons vraiment exceptionnels. Alors que le premier spécimen vivant observé par l’humain date de 1938, ils seraient apparus il y a environ 350 millions d’années . Depuis, on sait que depuis leur apparition sur Terre, ces poissons ont très peu évolué. En février 2021, après l’identification de 62 nouveaux gènes dans leur patrimoine génétique, une étude canadienne annonçait toutefois que les cœlacanthes continuaient leur évolution doucement, mais sûrement.

Ces « poissons fossiles » font donc toujours l’objet de recherches, permettant chaque fois d’en savoir davantage sur eux. Une étude publiée dans la revue Current Biology le 17 juin 2021 laisse quant à elle penser que la science se serait largement trompée sur leur espérance de vie. Selon une équipe de l’Ifremer Centre Manche Mer du Nord (France), les cœlacanthes vivraient une centaine d’années, soit cinq fois plus longtemps que ce que l’on pensait jusque-là.

cœlacanthe africain
Crédits : Bruce A.S.Henderson / Wikipedia

Auparavant, l’estimation de l’âge des cœlacanthes se basait sur leurs anneaux de croissance, ceux-ci leur conférant une vingtaine d’années à peine. C’est pour cette raison que ces poissons faisaient partie de ceux ayant le développement le plus rapide, au vu de leur imposante taille (entre 1,50 à 1,80 m de long pour 90 kg). Citons également d’autres caractéristiques rendant leur espérance de vie présumée très surprenante, comme leur métabolisme et leur reproduction caractérisant habituellement les poissons à longue histoire de vie.

De nouvelles techniques pour de nouvelles données

Les chercheurs de l’Ifremer ont analysé 27 spécimens de cœlacanthes appartenant à la collection du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN), une des plus importantes au monde. Pour ce faire, ils ont appliqué de nouvelles méthodes comme la microscopie en lumière polarisée ou encore une technologie d’interprétation des écailles. Cette dernière permet d’estimer la croissance corporelle des individus de manière très précise. Les chercheurs ont ainsi pu identifier des cercles de très petite taille contrairement aux « anciens » anneaux (imperceptibles sur les écailles) qui s’avèrent être les réelles lignes de croissance de ces poissons. Ils ont également étudié deux embryons et calculé la durée de gestation en se basant sur la taille de la progéniture à la naissance. Les petits cœlacanthes resteraient pas moins de cinq années dans le ventre de leur mère.

Cette étude pourrait avoir de fortes implications pour la conservation de cette espèce qui est en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN selon un communiqué. Les espèces au développement lent sont en effet particulièrement exposées, car leur cycle de reproduction prend beaucoup plus de temps.

Les chercheurs disent vouloir mener d’autres études. Il s’agira notamment d’effectuer des analyses de chimie à microéchelle. L’objectif ? Comprendre s’il existe un lien entre la température et la croissance du cœlacanthe. Ceci pourrait donner des indications concernant les effets du réchauffement climatique sur ce type de poissons.