Aucun espoir de vie « telle qu’on la connait » dans les nuages ​​de Vénus

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Illustration de la planète Vénus. Crédits : JAXA / ISAS / DARTS / Damia Bouic

La quantité d’eau dans l’atmosphère de Vénus est si faible que même les microbes terrestres les plus tolérants à la sécheresse n’auraient aucune chance, avance une étude. En revanche, il y a encore un (mince) espoir pour Jupiter.

L’année dernière, une équipe d’astronomes faisait les gros titres en suggérant la présence de phosphine, un produit chimique proposé comme indicateur potentiel de la vie, dans l’atmosphère de Vénus. Si les conditions de surface excluent l’existence de la vie sur cette planète, nous savons que les nuages vénusiens, à une altitude comprise entre 35 et 50 km, proposent un environnement beaucoup plus doux (pression et températures similaires à la Terre). Ainsi, la perspective que ce produit chimique susceptible de trahir la présence de vie soit présent ne pouvait être immédiatement écartée.

Finalement, une étude publiée il y a quelques mois a suggéré que la possible phosphine découverte dans l’atmosphère de Vénus n’était probablement que du dioxyde de soufre ordinaire. Aujourd’hui, un nouvel article publié dans un Nature va dans le même sens, soulignant que les conditions dans les nuages ​​de Vénus ne sont en aucun cas compatibles avec la vie telle que nous la connaissons. Si les nuages vénusiens affichent effectivement des températures plus douces, ils n’ont pas pas assez d’eau pour la soutenir.

L’activité de l’eau cent fois trop faible

Dans le cadre de ces travaux, le microbiologiste John Hallsworth et son équipe de l’Université Queen’s de Belfast (Irlande du Nord) ont récupéré les mesures de sondes ayant survolé l’atmosphère de Vénus pour analyser les données relevées sur la température, l’humidité et la pression dans les épais nuages ​​​​d’acide sulfurique enrobant la planète.

À partir de ces valeurs, les scientifiques ont pu calculer « l’Activité de l’eau », ou la pression de vapeur d’eau à l’intérieur des molécules individuelles dans les nuages, qui est l’un des facteurs limitants de l’existence de la vie sur Terre. Pour cette activité, qui est mesurée sur l’échelle de 0 à 1, la valeur de survie la plus basse est de 0,585. Or, le niveau enregistré dans les molécules des nuages ​​vénusiens n’est que de 0,004.

«Lorsque nous avons examiné la concentration effective de molécules d’eau dans ces nuages, nous avons constaté qu’elle était plus de cent fois trop faible pour que même les organismes terrestres les plus résistants survivent», confirme John Hallsworth. «C’est une distance infranchissable».

D’après l’astronome Chris McKay, l’un des co-auteurs de l’étude, les nouvelles missions en cours de préparation visant à sonder l’environnement de Vénus ne changeront pas grand-chose. «Notre conclusion est basée directement sur des mesures», a-t-il déclaré. «Ce n’est pas un modèle, ce n’est pas une hypothèse. Les missions que la NASA et l’ESA viennent de sélectionner feront à nouveau les mêmes mesures – température, pression – et elles arriveront à peu près aux mêmes conclusions parce que Vénus ne change pas à cette échelle de temps».

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Illustration de la future sonde EnVision de l’ESA. Crédits : ESA/VR2Planets/Damia Bouic

Un (mince) espoir de vie sur Jupiter

Au cours de ces travaux ,les chercheurs ont également examiné les mêmes types de données recueillies sur d’autres planètes.

Pour Mars, l’Activité de l’eau a été mesurée à 0,537. Cette valeur, comparable à ce qui est observé dans la stratosphère terrestre, se place donc là encore « en-dessous du supportable ». De plus, les nuages ​​martiens «ne sont pas biologiquement permissifs en raison des basses températures qui sont incompatibles avec la fonction cellulaire», sans parler du «rayonnement ultraviolet élevé qui peut être mortel pour les microbes atmosphériques», soulignent les chercheurs dans l’étude.

En revanche, l’Activité de l’eau enregistrée dans les nuages ​​de Jupiter, dans des régions où les températures varient entre 10 degrés Celsius et -40 degrés Celsius, se placerait au seuil minimum de 0,585.

«Ce que nous avons découvert, et qui était inattendu, c’est que les nuages ​​​​de Jupiter proposent en fait la bonne combinaison de température et d’activité de l’eau pour soutenir la vie active», note le Dr John Hallsworth. «Maintenant, je ne suggère pas que la vie existe sur Jupiter, car elle aurait besoin des bons nutriments et nous ne pouvons pas en être sûrs. Mais pour ce qui est de l’eau, c’est ok».