Voici l’un des arbres les plus étonnants du monde : le dragonnier de Socotra

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Crédits : Boris Khvostichenko / Wikimedia Commons

Comme son nom l’indique, le dragonnier de Socotra est originaire de Socotra au Yémen. Cette plante arborescente endémique de cette île surprend par sa silhouette. Et surtout, l’arbre produit une résine servant comme colorant, mais également dans la médecine traditionnelle.

Endémique de Socrota et atypique

Se situant à environ 230 km de l’extrémité nord-est de la Somalie, l’archipel de Socotra (Yémen) se compose de Socotra dont la superficie est de 3 579 km2, mais aussi d’autres îles bien plus petites. L’île principale mesure 133 km de longueur pour 40 km de largeur et abrite environ 40 000 habitants. Sa biodiversité est très riche : 700 espèces uniques au monde y vivent. Cette caractéristique vaut à l’île de Socotra de figurer sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis 2003, elle est également considérée comme une réserve de biosphère.

Faisant partie de ses espèces les plus étonnantes, le dragonnier de Socotra (Dracaena cinnabyri) est une plante arborescente poussant entre 150 et 1 600 m d’altitude. Or, son apparence est assez déroutante, loin de celle des arbres que l’on peut observer dans nos contrées tempérées. En effet, le dragonnier ressemble à un gros champignon, dont la hauteur peut atteindre une douzaine de mètres. Par ailleurs, son feuillage persistant pousse de manière assez insolite. Les feuilles se développent seulement à l’extrémité des branches les plus jeunes et pointent vers le ciel. Cette configuration donne alors l’impression d’une couronne verte reposant sur l’arbre. 

Or, cette apparence étrange n’est en réalité pas le fruit du hasard. En effet, le dragonnier peut ainsi largement s’adapter aux conditions arides de l’île. La fameuse couronne de feuilles permet de capter la pluie et l’humidité de l’air afin de la rediriger vers les branches et le tronc, tout en leur faisant de l’ombre et en assurant une réduction de l’évaporation. Il faut dire qu’à Socotra, si les températures ne sont pas infernales, les précipitations sont en revanche assez rares : seulement 250 mm par an environ.

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Crédits : Rod Waddington / Wikimedia Commons

Une résine légendaire

Outre son apparence, le dragonnier de Socotra est connu pour une autre raison. Il s’agit d’une des espèces de dragonniers produisant la résine « sang-dragon » (ou « sang de dragon »). Cette substance rougeâtre tire son nom du mythe des douze travaux d’Hercule. L’un de ces travaux consistait à voler les pommes d’or du Jardin des Hespérides, un lieu que le dragon à cent têtes Ladon protégeait. Afin d’atteindre les pommes, Hercule aurait tué le dragon, dont le sang aurait donné des dragonniers après s’être répandu sur le sol.

Concernant la résine en soi, son utilisation en médecine traditionnelle remonte à l’Antiquité. Celle-ci aurait des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires, mais est aussi utilisée comme colorant et autre vernis pour les violons. 

Malheureusement, cet arbre endémique de l’île de Socotra est une espèce menacée. Les périodes de mousson ne s’inscrivent plus dans la régularité si bien que l’île s’assèche, alors que les tempêtes sont au contraire plus fréquentes. Les activités humaines perturbent également cet arbre, comme le surpâturage et certaines constructions. Une étude publiée dans la revue Forest en 2020 annonçait que le dragonnier de Socotra pouvait perdre 45 % de son habitat d’ici à 2080. Le fait est que l’arbre pousse très lentement : il lui faut dix ans pour seulement un mètre.