reins Mars
Les vols spatiaux long-courriers – comme un voyage vers Mars – peuvent endommager les reins de manière permanente. Crédits : DALL-E

Un voyage sur Mars pourrait se terminer par une dialyse

L’exploration de l’espace, en particulier les voyages prolongés vers des destinations telles que Mars, soulève des défis médicaux complexes pour les astronautes. Alors que nous aspirons à conquérir de nouvelles frontières spatiales, il est crucial de comprendre les implications physiologiques profondes de l’exposition prolongée à des conditions de microgravité et de rayonnement cosmique galactique. Or, récemment, une étude de l’University College London a mis en lumière les effets délétères potentiels des voyages spatiaux prolongés sur les reins des astronautes.

Les effets des voyages spatiaux prolongés sur les reins

Les reins sont des organes vitaux qui remplissent plusieurs fonctions essentielles pour maintenir l’équilibre interne du corps humain, appelé homéostasie. Leur rôle principal est d’éliminer les déchets et l’excès de liquide du sang sous forme d’urine, un processus crucial pour maintenir une composition chimique stable dans le corps. En régulant les fluides corporels, les reins ajustent également la pression sanguine en contrôlant la quantité d’eau retenue ou éliminée par l’organisme.

En plus de leur fonction de filtration, les reins jouent un rôle clé dans l’équilibre des électrolytes tels que le sodium, le potassium, le calcium et le phosphore dans le sang. Ces minéraux sont essentiels pour le bon fonctionnement des cellules, des muscles et des nerfs. En ajustant les concentrations de ces électrolytes, les reins assurent donc le bon fonctionnement de nombreux processus biologiques.

Les reins sont également impliqués dans la régulation du pH sanguin en contrôlant la quantité d’acide et de base dans le corps. Cette capacité est cruciale pour le bon fonctionnement des enzymes et d’autres processus chimiques dans le corps humain.

Enfin, les reins produisent des hormones importantes comme l’érythropoïétine, qui stimule la production de globules rouges dans la moelle osseuse, et la forme active de la vitamine D, qui est essentielle à l’absorption du calcium et au maintien de la santé des os.

Ces organes sont donc essentiels pour notre corps. Une question se pose alors, tandis que plusieurs acteurs se préparent à des missions longue durée dans l’espace, et notamment sur Mars : nos reins pourront-ils tenir ?

reins humains
Crédits : peterschreiber.media/iStock

Mauvaises nouvelles

Des études récentes menées par l’University College London (UCL) ont exploré cette question avec une profondeur sans précédent, révélant des éclairages pertinents pour l’avenir de l’exploration spatiale.

Parmi les observations les plus préoccupantes figurent les changements structurels observés chez les reins des astronautes et des rongeurs exposés à la microgravité et aux rayonnements cosmiques galactiques (GCR), similaires à ceux rencontrés lors des voyages vers Mars. En l’absence de la gravité terrestre, les tubules rénaux responsables de l’équilibre du calcium et du sel montrent en effet des signes de rétrécissement, un phénomène qui pourrait conduire à des complications telles que la formation accrue de calculs rénaux. De plus, les recherches ont révélé que les GCR peuvent induire des lésions rénales permanentes et une réduction de la fonction rénale chez les rongeurs exposés à des simulations de missions martiennes de longue durée.

Les résultats de ces études soulignent ainsi l’urgence de développer des stratégies innovantes pour protéger la fonction rénale des astronautes pendant les voyages spatiaux prolongés. Bien que la protection complète contre les GCR puisse être hors de portée avec les technologies actuelles, des approches technologiques et pharmaceutiques pourraient offrir des solutions potentielles.

Les détails de l’étude sont publiés dans Nature Communications.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.