femme margaux
Crédits :2025 Kennis en Kennis

Voici à quoi ressemblait cette femme de l’âge de pierre qui vécut il y a 10 500 ans en Belgique

C’est un visage que personne n’avait vu depuis plus de 10 000 ans — et pourtant, grâce à une collaboration inédite entre science et art, il revient aujourd’hui à la lumière. Des chercheurs belges ont dévoilé la reconstitution saisissante d’une femme préhistorique, surnommée la « femme Margaux », qui vivait il y a environ 10 500 ans, à l’époque du Mésolithique, dans ce qui est aujourd’hui la Belgique.

Basée sur son crâne fossilisé et son ADN ancien, cette reconstitution nous offre une fenêtre fascinante sur les premiers habitants d’Europe occidentale, au lendemain de la dernière ère glaciaire. Et au-delà de la prouesse esthétique, elle bouscule certaines idées reçues sur l’apparence de nos lointains ancêtres.

Une femme du Mésolithique exhumée des ténèbres du temps

Les restes de cette femme ont été découverts en 1988 dans la grotte de Margaux, près de Dinant, dans la vallée de la Meuse. Mais à l’époque, les technologies permettant une analyse génétique aussi fine n’existaient pas. Il aura donc fallu attendre plus de trois décennies pour que le projet ROAM (Regional Outlook on Ancient Migration), mené par l’Université de Gand, relance l’étude et entreprenne une reconstitution de son visage.

À partir du crâne de la femme, les chercheurs ont réalisé un scan 3D, puis une impression physique utilisée comme base par les artistes néerlandais Adrie et Alfons Kennis, célèbres pour leurs reconstitutions hyperréalistes de figures préhistoriques.

Une apparence inattendue… et pleine d’humanité

L’analyse de son ADN ancien a permis de lever une partie du voile sur ses traits : la femme Margaux aurait eu les yeux bleus ou gris clairs, et un teint relativement clair — plus clair que celui d’autres chasseurs-cueilleurs du même âge, comme l’Homme de Cheddar, découvert en Angleterre et estimé à la même période.

Cette subtilité est loin d’être anecdotique : elle indique une diversité pigmentaire plus importante qu’on ne le pensait en Europe occidentale au Mésolithique. En d’autres termes, la couleur de peau chez les premiers Européens était plus variée, et probablement influencée par l’environnement, le mode de vie (en plein air), et le brassage génétique des populations post-glaciaires.

Une reconstitution aussi artistique que rigoureuse

Les frères Kennis ont utilisé la reproduction du crâne pour modéliser les muscles, les tissus et la peau. Ils ont aussi pris en compte l’âge estimé de la femme (entre 35 et 60 ans), son mode de vie de chasseuse-cueilleuse nomade, et les normes anatomiques régionales pour affiner les traits.

Enfin, ils ont intégré les données ADN pour reconstituer la couleur probable de ses yeux et de sa peau, tout en ajustant pour l’effet du bronzage naturel, inévitable chez quelqu’un vivant majoritairement à l’extérieur.

Mais les chercheurs rappellent que certains éléments restent ouverts à interprétation. « L’ADN ancien ne fournit pas de réponse exacte sur la couleur réelle des yeux ou de la peau », précise Isabelle De Groote, archéologue et responsable du projet. Le rendu final, bien que très rigoureux, doit donc être vu comme une approximation réaliste, mais pas absolue.

femme Margaux
Source: DR
La reconstitution faciale de la femme Margaux, exposée en juin 2025 chez Kennis & Kennis à Dinant, en Belgique, est basée sur diverses données scientifiques, notamment son crâne et son ADN ancien.(Crédit image : 2025 Vakgroep Archéologie Université de Gand.

Une plongée dans l’histoire humaine

La reconstitution de la femme Margaux ne se limite pas à un exercice visuel : elle rapproche le passé du présent. Ce visage, figé dans le temps, est une incarnation concrète de l’histoire humaine, et nous rappelle que derrière les artefacts et les ossements, il y avait des êtres humains à part entière, avec leurs particularités, leur diversité, et leur beauté.

C’est aussi un exemple remarquable de dialogue entre science et art, où la technologie moderne permet de faire revivre ceux que l’Histoire avait effacés.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.