Ce ver passe cinq semaines à bord de l’ISS et se retrouve avec une deuxième tête

Crédits : Michael Levin/Université de Tufts

Des scientifiques américains ont mené une étude sur un ver envoyé dans l’espace durant cinq semaines il y a plus d’un an. Ce ver comptait une deuxième tête à son autre extrémité et après amputation, il était capable de se régénérer.

Lorsque Thomas Presquet est revenu sur Terre, celui-ci avait grandi de quelques centimètres, avait perdu de la masse musculaire et aurait globalement vieilli plus rapidement. Les effets de l’espace sur le corps humain sont assez connus et sont principalement néfastes, mais cette découverte étonne.

Selon l’étude menée par les chercheurs de l’Université Tufts (États-Unis), un ver plat amputé Dugesia japonica envoyé à bord de l’ISS en décembre 2015 compte une deuxième tête qui aurait poussé sur son autre extrémité durant son séjour. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Regeneration en avril 2017.

Bien que ce ver soit réputé pour ses hautes capacités de régénération après amputation, ce type de mutation est très rare pour cette espèce ne dépassant pas le centimètre de longueur.

Crédits : Michael Levin/Université de Tufts

« En plus de 18 ans d’expérience dans le maintien d’une colonie de D. japonica qui comprend plus de 15 000 vers de contrôle rien qu’au cours des cinq dernières années, les chercheurs de Tufts n’avaient jamais observé l’apparition spontanée d’une double tête.

En outre, quand les chercheurs ont amputé les têtes qui avaient poussé chez le ver exposé à l’espace, le fragment de ver s’est régénéré en deux nouvelles têtes reconstituées, ce qui démontre que la modification du plan d’organisation du ver était permanente », affirme l’Université Tufts dans un communiqué.

Les scientifiques avaient envoyé une quinzaine de vers à bord de l’ISS et un groupe témoin était resté sur Terre. Les chercheurs ont alors constaté ce phénomène de double tête, mais également que certains vers ayant passé du temps dans l’ISS avaient entamé un processus de scissiparité, c’est-à-dire que les individus se séparaient en deux clones.

Cette étude montrant les différences entre les deux groupes n’a pas pu simuler un vol et un atterrissage pour le groupe resté sur Terre, ce qui permet de dire que les différences relevées ne sont peut-être pas toutes dues à l’espace. De plus, il était assez compliqué de maintenir les deux groupes à la même température durant l’expérience. Ainsi, les chercheurs tenteront à l’avenir de mettre en place des environnements plus similaires de chaque côté par le biais de techniques de contrôle en temps réel et de simulations de pression (vol et atterrissage).

À l’aube de la colonisation spatiale, il est important de connaître un maximum d’informations concernant les effets des vols spatiaux sur les humains et chaque étude est la bienvenue, que ce soit pour l’intérêt de la médecine ou de la recherche spatiale.

Sources : Mashable — Sciences et Avenir