Lors de la dernière World Robot Conference de Pékin (Chine), la société locale Kaiwa Technology a dévoilé un robot de gestation capable de porter un embryon humain jusqu’à la naissance. Si la nouvelle a ébranlé le monde de la tech, il ne s’agissait ni plus ni moins qu’un canular très bien ficelé.
Une déclaration ayant fait l’effet d’une bombe
De temps à autres, des canulars scientifiques passent à travers les mailles des médias spécialisés et parfois même, trompent la vigilance de nombreux experts. Toutefois, ces hoax ne seraient pas entièrement inutiles puisqu’il s’agit parfois d’attirer l’attention sur les dérives de certains éditeurs « voyous » entachant la crédibilité de l’ensemble des publications scientifiques. L’un des exemples les plus récents est l’œuvre d’Étienne Klein, chercheur français au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). L’intéressé avait dévoilé une photographie de Proxima du Centaure, prise par le James Webb Space Telescope. Largement relayé un peu partout, le cliché était en réalité celui d’une simple tranche de chorizo.
Lors de la dernière World Robot Conference de Pékin du 8 au 12 aout 2025, un autre canular a fait l’effet d’une bombe dans le monde de la tech. Comme l’expliquait Interesting Engineering, la société Kaiwa Technology aurait dévoilé un robot humanoïde de gestation intégrant un utérus artificiel. Le PDG de l’entreprise Zhang Qifeng aurait même évoqué des tests déjà menés en laboratoire et une prochaine mise sur le marché pour un tarif de seulement 14 000 dollars US. L’homme s’était montré assez convainquant, en expliquant que le prototype était capable de garantir un bon développement du fœtus humain, en assurant à ce dernier protection et apport constant en nutriments.
Un hoax assez rapidement débunké
Seulement voila, si la machine médiatique s’est emballée très rapidement, les premiers signes du canular étaient présents depuis le début. En effet, les explications sur l’aspect technique de l’innovation étaient très vagues et les sources scientifiques inexistantes. De plus, le fameux Zhang Qifeng était introuvable dans les bases de données universitaires. Mieux encore, il n’existait aucune preuve réelle de la présentation du robot de gestation lors de la World Robot Conference, un événement pourtant très observé par de nombreux amateurs de technologie.
Quelques jours après les premiers articles parus sur le sujet, le média Snopes – spécialisé dans le débunkage de fake news – a publié son analyse. Selon les journalistes, la société Kaiwa Technology n’existe pas dans les registres chinois et aucun Zhang Qifeng n’a participé à l’événement. Difficile de tirer des conclusions mais il est possible qu’il s’agisse ici d’une simple expérience sociale, afin de démontrer que l’époque actuelle est propice au relai massif de fausses nouvelles.

Un mélange de spéculations et de faits réels
Il faut dire que le canular a également fonctionné de la sorte pour une autre raison. En effet, il existe actuellement de réels progrès en matière d’utérus artificiel. Depuis presque une décennie, des chercheurs chinois et étasuniens travaillent sur des dispositifs capables de mener à terme la gestation d’animaux nés prématurément (agneaux) ou encore, des embryons de souris. Cependant, il s’agit là d’opérations s’étalant sur seulement quelques jours et ce, sous étroite surveillances sur le plan éthique. Ainsi, l’article original accompagné d’images générées par IA mélangeait des spéculations avec des faits avérés. Il est donc question d’un brouillage de la frontière entre ce qui est déjà possible et les innovations appartenant encore au domaine de la science-fiction.
Enfin, rappelons tout de même que ce qui concerne l’ectogenèse (concept de la reproduction sans utérus) suscite d’importantes interrogations sur les plans éthique et sociétal, notamment au niveau du risque d’eugénisme, de l’absence de lien mère-enfant, de la protection des données biométriques et surtout, du droit à la filiation.
