Récemment , une vaste étude a permis de faire le lien entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) de dizaines de grandes entreprises et de nombreuses vagues de chaleur ayant sévit dans plusieurs pays. Ayant fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique, ces travaux pourraient changer la donne en ce qui concerne les contentieux climatiques.
Un lien direct établi pour la toute première fois
Les « Carbon Majors » (ou « entreprises fossiles ») sont des compagnies charbonnières, pétrogazières et cimentières notamment, à l’origine des émissions de gaz à effet de serre historiques et actuelles les plus importantes. Travaillant depuis un certain temps sur le sujet, le groupe de réflexion britannique InfluenceMap a publié, en mars 2025 une liste de 180 des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, gaz, charbon et ciment. Il s’agit là d’une base de données régulièrement réactualisée.
Le 10 septembre 2025, une équipe internationale de scientifiques du climat et d’analystes a publié une étude dans la revue Nature. L’objectif était d’établir un lien entre des événements météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les activités des fameux « Carbon Majors ». Selon les résultats de ces travaux, pas moins de 213 vagues de chaleur majeures ayant sévit dans 63 pays entre 2000 et 2023 ont été rendues « plus probables et plus intenses », en raison des émissions de GES de ces 180 entreprises fossiles.
Ceci revient à dire que ces entreprises ne sont pas de simples contributeurs du changement climatique mais seraient en partie responsables de vagues de chaleurs ayant causé de la souffrance humaine, des dommages économiques globaux mais également, des pertes pour les écosystèmes.
Des sociétés responsables de 57% des émissions de GES
Dans un premier temps, les meneurs de l’étude ont identifié les vagues de chaleur et tenté de découvrir en quoi le réchauffement climatique d’origine humaine a pu favoriser ces évènements. Ce dernier serait à l’origine d’une augmentation de l’intensité des vagues de chaleur de 1,4°C sur la période 2000/2009, de 1,7°C sur 2010/2019 et de 2,2°C sur 2020/2023. En ce qui concerne la probabilité de l’apparition de ces mêmes vagues de chaleur, celle-ci a fait l’objet d’une multiplication par 20 sur 2000/2009 et par 200 sur 2010/2019.
Ensuite, les chercheurs ont analysé les émissions de CO2 et de méthane des Carbon Majors à partir de leurs rapports d’activité. Selon les résultats, les 180 entreprises en question sont responsables de 57% du total des émissions d’origine humaine cumulées de CO2 entre 1850 et 2023. Ceci implique un autre chiffre : chacune des entreprises pourrait en soi être à l’origine de 16 à 53 vagues de chaleur.
Par ailleurs, il s’avère que 14 des plus grands Carbon Majors seraient responsables de 30% du total cumulé des émissions dont il est ici question, soit quasiment autant que les 166 autres sociétés (27%). Parmi les plus grands pollueurs, nous retrouvons l’ex-Union Soviétique (charbon), la Chine (charbon, ciment) et d’autres noms privés bien connus tels que ExxonMobil (U.S), Gazprom (Russie), Saudi Aramco (Arabie Saoudite), Shell (Royaume-Uni), BP (Royaume-Uni), Chevron (U.S) ou encore, Pemex (Mexique).

Des décisions de justice plus équitables pour les victimes
Selon certains observateurs, l’étude pourrait faire bouger les choses en ce qui concerne les contentieux climatiques. En effet, il s’agit ici d’apporter des preuves de la responsabilité des Carbon Majors dans l’apparition des événements climatiques extrêmes. Dans les cas de décision de justice, les victimes de ces événements auraient davantage de chances d’obtenir gain de cause. Par ailleurs, il est important de rappeler qu’une part non négligeable de ces entreprises savaient déjà, depuis les années 1970 que la combustion d’énergies fossiles allait générer un réchauffement de la planète.
Aujourd’hui, l’augmentation moyenne des températures à la surface de la Terre est de 1,3°C. Pourtant, ceci aurait pu être évité si ces sociétés avaient transformé leurs modèles en appliquant des solutions renouvelables. Malheureusement, ces acteurs ont choisi de faire pression sur les gouvernements pour maintenir la dépendance mondiale aux énergies fossiles mais également, de tromper le public à propos des dangers de leurs produits et activités.
