Un multivers pourrait-il être hospitalier à la vie ?

Crédits : Pixabay / geralt

Un multivers – dans lequel notre Univers ne serait qu’un parmi tant d’autres – pourrait ne pas être aussi inhospitalier à la vie que ce que l’on pensait auparavant, selon une nouvelle étude.

Selon la théorie dominante actuelle, s’il y a d’autres univers, il y a peu de chance pour que la vie puisse y prospérer. L’hypothèse proposée du multivers permet en effet d’expliquer la « faible » quantité d’énergie sombre de notre Univers. Or, nous ne savons pas vraiment ce qu’est l’énergie sombre : c’est le nom que nous donnons à la force qui conduit à l’expansion de notre Univers. Elle constitue environ 70 % de l’Univers – et c’est bien là le problème. Parce que les théories actuelles sur l’origine de l’Univers prédisent qu’il devrait y avoir beaucoup plus d’énergie noire que cela. Mais elles stipulent aussi que s’il y avait plus d’énergie noire que notre faible quantité actuellement calculable, l’Univers se développerait si vite que la matière se diluerait avant de se former en galaxies, en étoiles, puis en planètes.

En d’autres termes, les modèles prédisaient jusqu’à présent qu’avec une quantité supérieure d’énergie noire (ou énergie sombre), l’Univers se développerait si vite que nous n’aurions jamais pu exister. C’est là qu’intervient l’hypothèse du multivers. Il existerait donc d’innombrables univers, chacun avec une proportion différente d’énergie sombre. Nous aurions en quelque sorte, de notre côté, eu la chance de bénéficier d’une plus petite quantité d’énergie noire pour que la vie puisse se former.

Le problème d’une telle hypothèse, c’est qu’elle est impossible à tester. Mais nous pouvons faire des tests sur notre propre Univers, et c’est exactement ce que des chercheurs ont fait. « Le Multivers a déjà été pensé pour expliquer la valeur observée de l’énergie sombre comme une sorte de loterie – nous avons eu un billet chanceux et vivons dans l’Univers qui forme de belles galaxies qui permettent la vie telle que nous la connaissons », explique le chercheur Luke Barnes, de l’Université Western Sydney en Australie. « Notre travail montre que notre billet n’est pas aussi chanceux que cela ».

Les chercheurs ont ici réalisé des simulations d’univers en ajustant la quantité d’énergie noire. Elles ont été menées dans le cadre du projet EAGLE (Evolution and Assembly of GaLaxies and their Environments), l’une des simulations les plus réalistes de l’Univers observé. Ils ont alors découvert que l’augmentation – ou la diminution – de la quantité d’énergie sombre, même jusqu’à quelques centaines de fois la quantité observée, n’aurait qu’un impact modeste sur la formation des étoiles et des planètes.

« Pour de nombreux physiciens, la quantité inexpliquée mais apparemment spéciale d’énergie sombre dans notre Univers est un casse-tête frustrant », notent les chercheurs. « Mais nos simulations montrent que même s’il y avait beaucoup plus d’énergie noire, ou même beaucoup moins, dans l’Univers, cela n’aurait qu’un effet minime sur la formation des étoiles et des planètes, augmentant la perspective que la vie puisse exister à travers le multivers ».

Les chercheurs notent que ces résultats sont « inattendus« , et qu’ils pourraient également être « problématiques« . En effet, la théorie du multivers ne pourrait alors plus expliquer la valeur observée de l’énergie sombre dans notre Univers. Bien que ces résultats n’excluent pas complètement l’hypothèse du multivers, il serait en revanche plus plausible que la toute petite quantité d’énergie sombre dans notre Univers puisse être expliquée par une loi de la nature encore inconnue.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans deux articles publiés dans Les Avis mensuels de la Royal Astronomical Society  ici et ici.

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