Faut-il s’inquiéter de la composition des savons antibactériens ?

Crédits : FlickR/The Italian voice

La FDA a récemment interdit 19 principes actifs contenus dans la plupart des savons antibactériens commercialisés, impactant plusieurs milliers de ces produits vendus dans le pays. Qu’en est-il en Europe ? Peut-on avoir réellement confiance en ces produits ?

Les États-Unis sont habituellement souvent en retard sur L’Union Européenne pour ce qui est d’interdire massivement un produit néfaste pour la santé. Pour ce qui est des savons antibactériens, l’UE et les États-Unis ont cette fois été presque synchronisés dans leurs décisions. En effet, la Food and Drug Administration (FDA) a pris ses dispositions le 2 septembre 2016 en interdisant tout bonnement 19 principes actifs présents dans les savons antibactériens, ce qui impacterait la commercialisation de près de 2000 références de produits.

« Les consommateurs pourraient penser que ces savons antibactériens sont efficaces pour empêcher la propagation des microbes mais nous ne disposons d’aucune indication scientifique montrant qu’ils sont meilleurs que le savon ordinaire ou que l’eau. En fait, plusieurs données suggèrent même que les substances présentes dans les antibactériens auraient plus de risques que de bénéfices sur le long terme »
explique Janet Woodcock, directrice du centre d’évaluation et de recherche de la FDA.

La FDA estime donc que des risques pour la santé sont présents, et que l’utilité principale de ces savons, à savoir la lutte contre les microbes, est peu efficace. Parmi les substances incriminées, on retrouve le Triblocarban ainsi que le Triclosan, qui sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Ce Triclosan, considéré comme un biocide (tueur de vie), semble être le plus inquiétant d’entre eux. En France, nous le retrouvons étonnamment dans 51 articles commercialisés, utilisés pour diverses tâches par exemple l’embaumement des animaux ou encore la désinfection des blessures, selon la base de recherche publique Simmbad du Ministère de l’Environnement.

Il faut rappeler que les perturbateurs endocriniens deviennent de plus en plus une question de santé publique, puisqu’ils dérèglent le fonctionnement des glandes endocrines telles que la thyroïde, l’hypophyse, le pancréas, les ovaires ou encore les testicules. Outre la fonction reproductrice altérée, d’autres effets indésirables peuvent impacter l’organisme tels que la croissance, le développement, le comportement et l’humeur, mais également la production, l’utilisation et le stockage de l’énergie, le sommeil ou encore la circulation sanguine.

Revenons à notre Triclosan, qui est tout de même présent dans 93% des savons vendus antibactériens aux États-Unis. Ce dernier fait actuellement l’objet d’études en Europe quant à sa dangerosité, tandis qu’en début d’année 2016, un règlement de non-approbation a été diffusé par la Commission européenne. Cependant, certains produits sont toujours commercialisés, et les fabricants ont un an pour modifier leur « recette » ou retirer les produits de la vente.

Aux États-Unis, l’interdiction des 19 substances en question fait suite à trois années d’enquêtes au sein de la FDA, dans le cadre d’un vaste projet de loi. L’agence américaine avait donc demandé aux fabricants de prouver la sûreté et l’efficacité de leurs savons antibactériens, une requête qui n’avait pas été comblée. Cependant, les produits contenant au moins une de ces substances continuent d’être commercialisés, mais comme pour l’Union européenne, ils disparaitront des étals dans un an maximum, dans le cas où les principes actifs interdits y sont toujours présents. À suivre !

Sources : Sciences et AvenirTop SantéPour la Science