Crédits : SpaceX

Starship enchaîne un dernier vol parfait avec le Starship V2 – la prochaine fusée sera encore plus monstrueuse

Ce lundi 13 octobre 2025 restera une date charnière dans l’histoire de la conquête spatiale. Alors que le propulseur géant de SpaceX s’élevait dans le ciel texan pour son onzième vol d’essai, peu de gens réalisaient qu’ils assistaient potentiellement aux derniers instants d’une ère technologique. Car ce lancement marquait non seulement un succès retentissant, mais aussi les adieux d’une version de Starship qui va céder sa place à quelque chose de bien plus imposant.

Un parcours sans faute après des mois d’échecs

Le contraste ne pourrait être plus saisissant. Entre janvier et juin derniers, SpaceX a enchaîné les déconvenues avec trois pertes consécutives de l’étage supérieur de Starship. Les vols 7 et 8 se sont soldés par des explosions spectaculaires moins de dix minutes après le décollage, projetant des débris sur les Caraïbes. Le vol 9 a quant à lui vu le vaisseau se désintégrer lors de sa rentrée atmosphérique. Un quatrième véhicule a même explosé au sol en juin, sur le banc d’essai de la base texane.

Ces échecs auraient pu compromettre tout le programme. Pourtant, l’équipe dirigée par Elon Musk a redressé la barre de manière spectaculaire. Le vol 10, fin août, avait déjà montré le retour en grâce de Starship avec une mission parfaitement exécutée. Le vol 11 confirme que ces succès ne doivent rien au hasard.

Une démonstration technique impressionnante

La mission du 13 octobre a coché toutes les cases des objectifs fixés. Le propulseur Super Heavy, haut comme un immeuble de 20 étages, s’est séparé de l’étage supérieur deux minutes et demie après le décollage avant d’amerrir avec précision dans le golfe du Mexique. Cette manœuvre a permis de tester une nouvelle configuration de moteurs avec treize propulseurs Raptor au démarrage, puis cinq en phase finale, une évolution destinée à la version 3 du véhicule.

L’étage supérieur, lui, a poursuivi son ascension jusqu’à 192 kilomètres d’altitude pour larguer huit répliques factices de satellites Starlink. Plus impressionnant encore, le vaisseau a rallumé l’un de ses moteurs dans le vide spatial, une capacité indispensable pour les futures missions vers la Lune et Mars. Après plus d’une heure de vol, il a survécu à la fournaise de la rentrée atmosphérique malgré le retrait délibéré de certaines tuiles protectrices, avant d’amerrir dans l’océan Indien sous l’œil d’une caméra installée sur une bouée.

La réutilisation comme clé de voûte

Ce qui rend Starship véritablement révolutionnaire ne tient pas tant à sa taille qu’à sa philosophie de conception. Le propulseur utilisé lundi avait déjà volé lors du vol 8, avec seulement neuf moteurs remplacés sur les 33 que compte l’engin. Cette approche de la réutilisation rapide vise à transformer l’accès à l’espace en activité quasi quotidienne.

SpaceX développe une stratégie audacieuse de capture au vol des deux étages grâce aux bras mécaniques de sa tour de lancement, surnommés « les baguettes ». Si cette technique a déjà fonctionné trois fois avec le propulseur Super Heavy, elle n’a pas encore été testée avec l’étage supérieur. L’objectif affiché par Musk est de permettre plusieurs décollages par jour depuis un même site, un rythme inédit dans l’industrie spatiale.

Des ambitions qui dépassent l’atmosphère terrestre

Derrière ces prouesses techniques se dessinent des projets qui semblaient relever de la science-fiction il y a encore une décennie. La NASA compte sur Starship pour faire atterrir des astronautes près du pôle Sud lunaire lors de la mission Artemis 3, prévue pour 2027. Ce sera la première fois depuis l’ère Apollo qu’un être humain foulera le sol lunaire.

Mais l’horizon d’Elon Musk s’étend bien au-delà de notre satellite naturel. Le fondateur de SpaceX n’a jamais caché son ambition ultime : établir une colonie humaine permanente sur Mars. Avec une capacité de charge de 165 tonnes jusqu’à l’orbite terrestre, Starship dispose des performances nécessaires pour concrétiser ce rêve martien.

La fin d’une ère, le début d’une autre

Le vol 11 marque les adieux de la version 2 de Starship, haute de 123 mètres. Les variantes futures seront encore plus monumentales : 124,4 mètres pour la version 3, et jusqu’à 142 mètres pour le « Future Starship » version 4, équipé de 42 moteurs Raptor et attendu en 2027. La rampe de lancement historique de Starbase va d’ailleurs être rénovée pour accueillir ces géants, tandis que les futurs décollages s’effectueront depuis une seconde plateforme.

En regardant le propulseur de 70 mètres se poser délicatement dans les eaux du golfe, puis le vaisseau amerrir à des milliers de kilomètres de distance dans l’océan Indien, on mesure le chemin parcouru. Entre les débris projetés sur les Caraïbes au printemps et cette chorégraphie spatiale parfaitement orchestrée, SpaceX a démontré une capacité de rebond qui force le respect. La course vers Mars vient de franchir une étape décisive.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.