Seville : Des champignons géants en bois pour revaloriser une place urbaine

Crédits : Rubendene / Wikimedia Commons

Une des places historiques de la ville de Séville en Andalousie (Espagne) a fait l’objet d’une revalorisation urbaine. Un parasol géant surplombe cette place depuis son inauguration en 2011. Retour sur un projet original dont le succès n’est plus à prouver malgré des polémiques lors de sa construction.

Qu’est-ce que la revalorisation urbaine ?

La revalorisation urbaine est un processus visant à redonner à un espace public urbain une attractivité notamment touristique ayant un impact sur les centres-ville historiques dans la plupart des cas, et sur les villes d’une manière plus générale. Cette attractivité nouvelle peut associer à la fois, d’une manière très variable suivant les projets et dans un courant de pensée contemporain, patrimoine architectural protégé, établissements culturels, centres commerciaux, espaces de loisir. Le but étant de retrouver une fréquentation dynamique de l’espace public, revalorisé en diversifiant ses activités et en repensant son organisation ainsi que la possibilité d’augmenter sa valeur foncière. À ne pas confondre avec la rénovation urbaine, la restructuration urbaine ou encore la réhabilitation urbaine.

Un projet long et coûteux

L’équipe réunie par l’architecte berlinois Jurgen Mayer gagnait en 2004 le concours lancé par la municipalité de Séville quant à la revalorisation d’une place urbaine historique de la ville, la Plaza de la Encarnacion dans le district Casco Antiguo. L’architecte a donc proposé un projet de revalorisation original et dynamique baptise « Metropol parasol ». Des difficultés techniques sont venues perturber le bon déroulement des travaux qui auront finalement duré six ans, tandis que le budget initial de 33 millions d’euros s’est retrouvé multiplié par trois lors du bilan final.

Un ouvrage original dans son élaboration

Le projet dont la structure principale prend la forme d’un immense parasol en bois constitué de six champignons assemblés, mesurant chacun 28 mètres de haut couvrant une surface 11 000 m2. Il s’agit de ce que l’on pourrait appeler une superstructure. Les parasols sont faits de panneaux de bois en Kerto-Q, formant une grille gigantesque alors que seules les fondations et les tours cylindriques sont en béton. Le Kerto est un bois déposé par la firme suisse Balteschwiler, un des plus importants négoces de bois dans ce pays.

Le parasol géant est conçu en épicéa, un bois très résistant au feu, à la traction et à la flexion. Afin d’être protégé des intempéries et de la chaleur due à l’exposition au soleil, un vernis polyuréthane a été appliqué sur les panneaux, ce qui permet également une perméabilité à la vapeur d’eau, condition sine qua non à la durabilité de l’ouvrage : il ne peut pas moisir.

La technique utilisée est le bois lamifié, c’est a dire proche du contre-plaque, mais la différence réside dans l’orientation parallèle des placages et les dimensions des produits. Ce procédé permet de convertir 75% de l’arbre brut, représentant un gain considérable (30%) par rapport au bois massif. Technique apparue dans les années 70, elle s’est finalement développée en Finlande puis diffusée dans le reste de l’Europe dans les années 80 : le patrimoine forestier est donc optimisé.

Quelles utilisations ?

Au-delà de sa fonction protectrice à l’exposition au soleil, la superstructure est utilisée à des fins multiples et utilisée sur différents niveaux (sous-sol, niveau du sol, toiture). Un musée archéologique et des salles d’exposition sont abrités en sous-sol, le marché se situe au niveau du sol, et le toit laisse apparaître un restaurant et une promenade publique avec vue panoramique sur la ville.

Jurgen Mayer à propos de son projet : « Metropol Parasol exploite le potentiel de la Plaza de la Encarnacion pour devenir le nouveau centre-ville contemporain. Son rôle, en tant qu’espace urbain unique au sein des quartiers médiévaux de Séville, est d’offrir une grande variété d’activités telles que musées, loisirs et commerces. Cette combinaison participe d’ores et déjà à l’animation de la place, lui permettant ainsi de devenir une destination attractive aussi bien pour les touristes que pour les habitants de Séville. »

Sources : Le MoniteurABCandaluciaArchitecture.UrbanismeCentre de ressources et d’informations techniquesBalteschwiler

– Crédits photo : Rubendene