Des archéologues turcs ont récemment mis au jour une collection exceptionnelle de plus de 2 000 empreintes de sceaux d’argile dans la ville antique de Doliche, située près de Gaziantep, dans le sud de la Turquie. Ces « timbres » mesurent entre cinq et vingt millimètres et étaient autrefois utilisés par d’anciens fonctionnaires pour sceller des documents gouvernementaux, notamment des lettres et des documents juridiques.
Des sceaux pour protéger les documents officiels
L’Empire romain, qui a atteint son apogée au cours des premiers siècles de notre ère, était une vaste entité gouvernée par un système complexe d’administration. Pour gérer cet empire étendu, les Romains ont donc développé des pratiques bureaucratiques avancées, impliquant la rédaction, la transmission et l’archivage de nombreux documents officiels. Ces documents comprenaient des lettres, des décrets, des contrats et d’autres formes de correspondance officielle.
L’une des préoccupations majeures dans la gestion de ces documents était de s’assurer de leur authenticité et de protéger leur contenu contre toute altération ou manipulation. C’est là qu’intervenaient les sceaux d’argile. Ces sceaux, comme ceux découverts à Doliche, étaient en effet utilisés comme mécanisme de sécurité pour sceller les documents. Ils servaient à garantir l’intégrité du contenu et à authentifier l’origine du document.

Dans les ruines d’un bâtiment d’archive
À l’époque, Doliche était un centre religieux significatif, jouant un rôle sacré pour le dieu romain Jupiter Dolichenus, associé au ciel et au tonnerre. Les artefacts ont été découverts à l’intérieur des ruines du bâtiment des archives qui date du milieu du IIe siècle au milieu du IIIe siècle après J.-C., dont seuls quelques murs en pierre calcaire subsistent. Les documents originaux ont été détruits lors d’un incendie majeur, probablement en 253 après J.-C, privant les archéologues d’une source directe d’informations. La découverte de ces empreintes de sceaux offre donc une perspective unique sur le processus d’authentification des documents dans l’Antiquité. Toutes ces reliques étaient probablement apposées sur des documents en papyrus ou en parchemin, des matériaux couramment utilisés pour la rédaction de textes officiels à l’époque.
Chaque sceau présentait une impression représentant divers dieux, déesses, symboles religieux, portraits et même des inscriptions. Michael Blömer, un professeur d’archéologie à l’université de Münster en Allemagne qui a participé aux fouilles, explique que l’analyse de ces images peut fournir des indices sur les affiliations culturelles des habitants de Doliche.
La découverte éclaire finalement notre compréhension des pratiques administratives et de la vie quotidienne dans une ville romaine comme Doliche, offrant un lien tangible avec le passé bureaucratique de l’Empire romain.
