Grâce à des données satellitaires et à des algorithmes spécialisés, des chercheurs ont été en mesure d’anticiper une épidémie de choléra plusieurs semaines à l’avance au Yémen, donnant ainsi aux communautés concernées le temps de se préparer.
Le choléra infecte des millions de personnes chaque année. La plupart du temps, les communautés ne se rendent pas compte qu’une épidémie est en cours jusqu’à ce que les personnes infectées envahissent les hôpitaux. Prévoir les épidémies imminentes pourrait ainsi permettre aux agents de santé de préparer leurs stocks -en eau, médicaments et vaccins – en conséquence, sauvant des vies et réprimant la propagation de la maladie. Pour ce faire en mai 2017, une équipe de chercheurs s’est appuyée sur l’information par satellite pour déterminer si une épidémie se produirait au Yémen. Résultat : les données satellitaires ont effectivement pu en prévoir une quatre semaines à l’avance.
Le choléra est une maladie bactérienne d’origine hydrique qui cause détresse intestinale et déshydratation. L’infection peut progresser rapidement, atteignant des sommets en quelques heures ou quelques jours. Une écrasante majorité des cas se déclarent dans les pays en développement, empirés par les mauvaises conditions sanitaires. Le choléra peut se propager de deux façons : endémique ou épidémique. Les communautés côtières sont des épicentres pour les épisodes endémiques. Le choléra, qui vit dans les océans, prospère pendant les saisons sèches et chaudes et peut être transporté à terre à marée haute dans les villes et les villages du littoral. Le processus étant assez régulier, les résidents sont néanmoins raisonnablement préparés à ces vagues d’infection.
En revanche, la contamination par les épidémies est beaucoup moins prévisible et peut surprendre les populations à l’intérieur des terres, moins préparées. Le choléra peut se propager facilement par l’eau, il suffit pour cela de fortes précipitations et de mauvaises infrastructures hydrauliques. Tout peut aller très vite, c’est pourquoi chaque donnée suspecte est à prendre en compte. La collecte rapide de données au sol pendant ce type d’événements peut être difficile, en particulier dans les pays en développement comme le Yémen, qui fait ici figure de cas d’école. « Le Yémen connaît une agitation civile massive, les gens se déplacent, il y a une instabilité politique – il n’y a aucun moyen pour nous d’obtenir un seul point de données », explique Antarpreet Jutla, hydrologue à l’université de Virginie-Occidentale qui a dirigé l’étude du Yémen. C’est alors que les satellites entrent en jeu.
L’équipe s’est ici appuyée sur une poignée de satellites pour surveiller les températures, le stockage de l’eau, les précipitations et les terres à travers le pays. En traitant ces informations dans les algorithmes qu’ils ont développés, ils ont alors prédit les zones à risque, sujettes à une éventuelle épidémie au cours du mois à venir. Quatre semaines plus tard, une épidémie s’est bel et bien déclenchée dans ces mêmes zones. Un modèle hautement prédictif donc, qui a permis aux agents de santé de préparer des fournitures médicales et des vaccins.
L’équipe reste quand même prudente quant à la diffusion de ces prévisions de maladies, ne voulant pas créer de panique publique. Ils travaillent actuellement avec plusieurs agences internationales sur la meilleure façon de communiquer les prédictions futures.
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