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Santé : le fromage et le lait cru peuvent transmettre un virus rare infectant les humains

Transmise par les piqures de certaines tiques, le virus de l’encéphalite à tiques attaque le système nerveux central, parfois très gravement. Néanmoins, l’ANSES en France a récemment alerté à propos d’un autre mode de transmission : la consommation de fromage et de lait cru. Comment ceci est-il possible ?

Des produits laitiers contaminés

Généralement connues pour transmettre une bactérie responsable de la maladie de Lyme (borréliose), les tiques – ou du moins certaines espèces – peuvent aussi transmettre un virus à l’origine d’une autre maladie rare : l’encéphalite à tiques. Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) publié le 7 aout 2025, le nombre de cas de cette maladie semble s’étendre en France mais également, dans d’autres pays européens comme l’Autriche, la République Tchèque et les pays baltes.

Généralement, le mode de transmission du virus passe par une piqure de tique. Toutefois, l’ANSES alerte à propos d’un autre mode de transmission, à savoir l’alimentation. En cause, les produits laitiers provenant d’animaux eux-mêmes contaminés par le virus, principalement les chèvres et autres brebis. Le problème réside dans le lait cru. Autrement dit, consommer du lait cru de brebis et de chèvres infectées – ou du fromage élaboré avec du lait cru – comporte des risques d’infection chez les humains.

« Les chèvres sont contaminées mais ne tombent pas malades. Pendant les sept premiers jours de l’infection, elles excrètent le virus dans le lait, le temps de fabriquer un anticorps qui leur permet de l’éliminer. », a déclaré Alice Raffetin, infectiologue et coordonnatrice du Centre de Référence des Maladies Vectorielles à Tiques Nord (CRMVT), dans un article du magazine 60 millions de consommateurs.

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Habituellement, le virus de l’encéphalite à tiques se transmet via les piqures de certaines espèces de tique.
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Plusieurs mesures pour limiter les risques d’infection

Pour rappel, l’encéphalite à tiques passe la plupart du temps inaperçue. Néanmoins, la maladie se déclare et occasionne des symptômes pseudo-grippaux dans 10 à 30% des cas. Parfois, il peut même être question de complications très sévères. En effet, certains patients voient l’infection s’étendre à leur cerveau et déclencher une méningite (méningo-encéphalite) ou plus rarement, au niveau de leur moelle épinière (méningo-encéphalomyélite).

Outre l’alerte concernant l’alimentation comme étant un autre mode de transmission, l’ANSES s’inquiète de la progression du virus. En France, un peu moins d’une centaine de cas ont été observé depuis 2020. Si le nombre parait peu, il n’en demeure pas moins que ce dernier relève de l’inédit. De plus, certaines régions sont plus à risques que d’autres. C’est notamment le cas de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en raison de la circulation avérée du virus et du nombre élevé d’élevages de chèvres ayant un accès fréquent à l’extérieur.

Pour les auteurs du rapport, limiter les risques d’infection passe par différentes mesures à appliquer autant que possible. Citons tout d’abord la réduction de l’exposition des troupeaux aux tiques, en installant par exemple des clôtures ou en pratiquant la rotation des pâturages. Il est également possible d’éloigner les animaux des zones forestières (ou comportant des haies), propices à la présence de tiques. D’autres mesures consistent à pasteuriser systématiquement le lait dans les zones à risques ou celles ayant déclaré une contamination mais également, à renforcer la surveillance des élevages et des produits laitiers.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.