Particulièrement handicapante et souvent létale, l’intoxication au monoxyde de carbone est responsable de nombreux décès chaque année. Aux États-Unis, des médecins ont élaboré une nouvelle méthode innovante afin de venir à bout de la présence de ce gaz dans l’organisme. Quelle est cette méthode et comment celle-ci a t-elle été mise au point ?
Un traitement potentiellement révolutionnaire
Selon une publication de l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA), on compte 137 cas d’intoxications au monoxyde de carbone (CO) pour un million de personnes, dont 4,6 décès. Bien que l’incidence de ce type d’intoxication soit stable depuis un quart de siècle, cela reste un problème de santé publique assez préoccupant que les opérations de sensibilisation ne parviennent pas vraiment à endiguer.
Pour rappel, l’intoxication au monoxyde de carbone survient dans des situations impliquant la combustion incomplète d’énergies combustibles comme le gaz, le bois ou l’essence, en raison d’appareils mal installés, mal entretenus ou encore, mal ventilés. Incolore et inodore, le CO peut surprendre facilement et malheureusement, générer des maux de tête, des vertiges, une faiblesse musculaire ainsi que des troubles digestifs. En cas d’intoxication plus importante, les symptômes sont logiquement plus intenses et l’issue peut être fatale.
Depuis des décennies, le seul traitement disponible pour éliminer le gaz de l’organisme n’est autre que l’administration d’oxygène pur aux patients (oxygénothérapie), une méthode lente nécessitant une chambre hyperbare. Toutefois, des chercheurs de l’école de médecine de l’Université d’état du Maryland à Baltimore (États-Unis) ont peut être trouvé un remède révolutionnaire. Les résultats de ces travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue PNAS en juillet 2025.

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Une protéine bactérienne reprogrammée
L’innovation dont il est ici question concerne RcoM, une protéine naturellement présente dans la bactérie Paraburkholderia xenovorans. Habituellement, cette dernière est reconnue pour sa capacité à dégrader les biphényles polychlorés (PCB), un genre de polluants organiques persistants (POP) que l’on utilisait généralement comme liquides isolants dans les transformateurs électriques et les condensateurs, jusqu’à leur interdiction à la fin des années 1970. Dans son milieu naturel, la bactérie P. xenovorans a la particularité de détecter efficacement les traces de monoxyde de carbone.
Les auteurs de l’étude ont ainsi eu l’idée de « reprogrammer » cet organisme afin de lui permettre de repérer et capturer les molécules de monoxyde de carbone dans le sang humain. Cette version modifiée prend le nom de RcoM-HBD-CCC. Selon les auteurs de l’étude, la protéine RcoM remaniée peut s’associer au CO et ce, tout en ignorant les autres molécules vitales comme l’oxygène (O₂) et l’oxyde nitrique (NO).
Dans le cadre du traitement des intoxications au CO, cette innovation pourrait être très intéressante car il s’agit d’éliminer rapidement (en quelques minutes) la présence du gaz dans l’organisme. Il faut dire que d’ordinaire, l’oxygénothérapie n’est pas une méthode idéale. En effet, le processus d’élimination du CO prend au moins une heure. Or, si la mort est évitée dans de nombreux cas, le fait est que plus de la moitié des patients ayant survecu souffrent de séquelles neurologiques (ou cardiaques) sur le long terme. Ainsi, chaque seconde compte. La protéine RcoM-HBD-CCC pourrait donc ouvrir la voie vers une nouvelle façon de traiter ces intoxications.
