Ne manger que du maïs pousserait les hamsters à manger leurs petits

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Un régime composé en grande partie de maïs pousserait les grands hamsters sauvages à l’infanticide et au cannibalisme. C’est en tout cas ce que suggère une étude récente menée des chercheurs de l’université de Strasbourg (CNRS/France).

Depuis plusieurs années, le grand hamster d’Alsace voit sa population diminuer. En analysant les causes de ce déclin, des chercheurs du CRNS ont découvert que la monoculture du maïs en France poussait nos paisibles rongeurs à manger leur progéniture, parfois encore vivante. Plus précisément, un régime essentiellement composé de maïs provoquerait une carence en vitamine B3 chez les rongeurs qui pousserait les femelles à tuer manger leurs petits, défiant ainsi tout instinct maternel.

En Alsace, la culture du maïs est devenue prédominante depuis la fin des années 1970, remplaçant peu à peu celle du blé. Ces monocultures facilitent les choses pour l’Homme, mais elles sont néanmoins néfastes à l’écosystème local comme en témoigne cette recherche détaillée dans la revue Proceedings of the Royal Society qui suggère qu’une alimentation carencée provoquait un phénomène de démence chez les hamsters, poussant les femelles à dévorer leurs petits.

Un rapport publié en 2014 dans la revue Nature fit part de ses préoccupations quant au rôle joué par les monocultures dans la réduction du nombre de pollinisateurs. En revanche, peu de recherches ont été menées sur l’effet que ces monocultures sur les mammifères locaux. Ces effets ont récemment été observés chez les hamsters sauvages par une équipe de chercheurs français. Pour savoir si une alimentation essentiellement composée de maïs pouvait être néfaste aux populations locales, ces derniers ont mis en place une série d’expériences dans laquelle certains rongeurs étaient nourris avec un régime de blé et d’autres de maïs.

Que nous révèlent ces deux régimes ? Tout d’abord, notons qu’il y avait peu de différence dans la valeur énergétique de leurs repas et que les deux groupes de hamsters ont produit des portées de même nombre. Il s’avère pourtant que 80 % des portées de ceux qui se nourrissaient de blé ont survécu, quand seulement 5 % des portées produites par les mères élevées avec du maïs ont passé le sevrage. Selon les chercheurs, les petits n’étaient pas regroupés dans le nid, mais regroupés près de la mangeoire à maïs avant d’être mangés encore vivants. Les femelles avaient également la langue gonflée, sombre et un sang épais, les signes d’une carence forte en vitamine B3. En rajoutant de la vitamine dans le régime dominé par le maïs, les symptômes comportementaux ont été inversés : l’instinct maternel fit alors son œuvre et les petits ont été épargnés.

Ainsi le manque de B3 dans un régime dominé par le maïs modifiait le système nerveux de ces rongeurs. Les chercheurs suggèrent alors de restaurer une gamme variée de plantes dans les programmes agricoles pour tenter d’endiguer le phénomène. Une diversification des cultures est d’ores et déjà à l’essai sur certaines parcelles avec introduction d’autres cultures au milieu des champs de maïs.

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