Une étude révèle qu’à l’exception de Miranda, les grandes lunes d’Uranus pourraient encore abriter un océan résiduel de quelques dizaines de kilomètres d’épaisseur. Ces modèles représentent une base de référence pour guider les futures d’observations de la mission Uranus Orbiter and Probe (UOP), susceptible de visiter le système au cours des années 2030. Les détails de ces travaux sont publiés dans le Journal of Geophysical Research.
De l’eau liquide dans les confins glacés du système solaire ?
Uranus, très éloignée de la Terre, n’a pas reçu beaucoup d’attention depuis le passage de la sonde Voyager 2 dans les années 80. Un aperçu détaillé de cette géante de glace pourrait pourtant nous en apprendre beaucoup sur ces objets très présents dans la galaxie. De plus en plus de planétologues militent ainsi pour l’envoi d’une sonde sur place, d’autant qu’une opportunité se présente en 2032, avec l’alignement d’Uranus et de Jupiter. L’idée serait de s’appuyer sur cette configuration pour profiter d’une assistance gravitationnelle afin de rejoindre la planète plus rapidement.
Le vœu de ces chercheurs pourrait d’ailleurs bientôt être exaucé. Un rapport récent couvrant les dix prochaines années de la science planétaire et de l’astrobiologie américaines avait en effet jugé « prioritaire » l’envoi d’un orbiteur vers Uranus.
L’un des objectifs de cette mission, officieusement baptisée Uranus Orbiter and Probe (UOP), viserait à étudier l’évolution des cinq grandes lunes de la planète : Miranda, Ariel, Umbriel, Titania et Oberon. Et pour cause, des études récentes ont suggéré l’idée que ces dernières pourraient abriter des océans souterrains. Cependant, jusqu’à présent, peu d’études se sont intéressées à l’évolution interne de ces grandes lunes uraniennes. Pour éviter d’y aller « à l’aveugle », des chercheurs ont construit un modèle en rassemblant les résultats des missions Cassini, Dawn et New Horizons, concentrées respectivement sur Encelade, Cérès et Charon, trois lunes susceptibles d’abriter aussi des océans souterrains.
Les chercheurs ont ensuite jeté un nouveau regard sur les données renvoyées par le vaisseau spatial Voyager 2 il y a près de quarante ans et ont comparé ces résultats avec ceux des missions mentionnées ci-dessus.

Des océans résiduels
Il ressort de l’analyse de toutes ces données que Titania et Oberon, les plus éloignées d’Uranus de ce groupe de cinq lunes, pourraient encore abriter des océans à cinquante kilomètres de profondeur malgré leur emplacement dans les confins glacés du système solaire. Ariel et Umbriel pourraient aussi en avoir, enfouis à environ trente kilomètres de profondeur. Ces plans d’eau pourraient être maintenus grâce à leur chaleur interne limitée, ainsi qu’à leur composition considérable en ammoniac, dont la nature antigel aide à maintenir l’eau sous sa forme liquide même à très basse température.
Les chercheurs estiment par ailleurs que les océans de ces lunes uraniennes pourraient également contenir environ 150 g de sel pour chaque litre d’eau. À titre de comparaison, notez que le Grand Lac Salé de l’Utah (États-Unis), deux fois plus salé, est encore capable de soutenir la vie. Les scientifiques n’ont néanmoins toujours pas déterminé le potentiel océanique de la cinquième plus grande lune d’Uranus : Miranda. Cependant, sa petite taille laisse à penser que son océan interne a très probablement gelé quelques millions d’années seulement après sa formation.
Notez que tous les océans dont nous parlons ici que sont que des plans d’eau résiduels. Au début de leur histoire, ces cinq lunes abritaient probablement des océans substantiels allant de 100 km à 150 km de profondeur. Cette découverte reste néanmoins très intéressante. Prouver l’existence de ces océans dans les entrailles de ces lunes uraniennes augmenterait en effet la perspective que les mondes océaniques soient fréquents dans notre système solaire et peut-être, par extension, dans d’autres systèmes.
