Quand nos ancêtres ont-ils commencé à marcher sur leurs deux jambes ? Ces rares empreintes nous font remonter très loin en arrière !

Moulage des plus anciennes traces de pas recensées à Laetoli, laissées par l'Australopithecus afarensis. Crédits : Wikimedia Commons / Tim Evanson

La bipédie est une histoire vieille d’au moins 3,6 millions d’années. C’est à Laetoli en Tanzanie que Mary Leakey en a découvert le plus ancien témoignage : des empreintes de pas d’un hominidé adulte et probablement celles d’un enfant marchant dans ses traces. Elles sont attribuées à Australopithecus afarensis.

Les paléoanthropologues soulignent que la capacité de marcher – et de le faire avec un minimum d’énergie dépensée – a précédé l’évolution des grands cerveaux chez nos ancêtres. La marche libérait les mains pour les outils et les armes, et permettait à ces espèces de se déplacer vite en observant plus loin pour obtenir de la nourriture et d’autres ressources. La capacité de se relever et de marcher sur deux jambes est donc une révolution, sur le plan de l’évolution. Mais quand nos ancêtres ont-ils commencé à marcher sur leurs deux jambes ?

Pour le savoir, on ne peut s’appuyer que sur les empreintes. Deux sites à Laetoli, en Tanzanie, présentent de telles traces, appartenant à des hominidés qui vécurent il y a environ 3,6 millions d’années. Elles sont l’œuvre d’Australopithecus afarensis, le même genre que « Lucy », cette ancêtre vieille de 3,2 millions d’années dont les os fossilisés ont été découverts en Éthiopie en 1974. David Raichlen, anthropologue évolutionniste à l’Université d’Arizona (États-Unis), a récemment étudié les empreintes de pas de Laetoli, et les a comparées aux empreintes de pas réalisées par des volontaires humains en laboratoire.

Plus exactement, il a examiné les empreintes de pas de ces personnes marchant normalement d’une part, et marchant avec les genoux et les hanches pliés d’autre part. Il en ressort que les empreintes de pas de Laetoli correspondent plus étroitement aux empreintes humaines modernes. « La marche bipède, droite et humaine, remonte à au moins 3,8 millions d’années, peut-être même 4 à 5 millions d’années », expliquait il y a quelques jours le chercheur au Washington Post.

A : l’empreinte d’un humain moderne marchant normalement. B : celle un humain moderne qui marche avec une posture voûtée. C : une empreinte vieille de 3,6 millions d’années retrouvée à Laetoli, en Tanzanie. L’analyse révèle que les anciens hominidés marchaient probablement d’une manière très semblable aux humains modernes. Crédits : David Raichlen/Université de l’Arizona.

Cette capacité à marcher de cette façon aurait émergé à travers la sélection naturelle, nos ancêtres s’adaptant probablement aux conditions environnementales changeantes. Les forêts se desséchaient suite aux changements climatiques et les arbres se firent de plus en plus rares, laissant place aux savanes. Nos cousins ​​primates ont généralement continué à vivre dans les arbres, se nourrissant de fruits et se balançant de branche en branche. Mais il y a longtemps, certains ont choisi un chemin différent, s’aventurant au sol et se relevant pour observer au loin. La transition ne se fit pas en un jour, mais le corps s’est finalement adapté au fil des générations.

Fini le gros orteil saisissant : celui-ci se’est retrouvé aligné avec les autres orteils. Nos pieds cambrés se sont aussi raidis, nos talons touchant maintenant le sol, permettant à nos corps de rouler dessus jusqu’à la pointe du pied. D’autres caractéristiques anatomiques, notamment au niveau du bassin et de la colonne vertébrale, ont également évolué de sorte que notre poids reste centré sur nos jambes et que notre tête reste stable pendant que nous marchons.

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