L’espace proche de la Terre est de plus en plus encombré, tandis que se pose plus que jamais le problème des débris spatiaux. Récemment, la Chine a averti la NASA d’un risque de collision entre deux satellites, une grande première montrant que le pays jusqu’ici inlassablement silencieux comprend enfin l’intérêt de communiquer afin de maintenir une sécurité orbitale.
Une coopération Chine/Occident indispensable
Au début du mois d’octobre 2025, la China National Space Administration (CNSA) a écrit un e-mail à la NASA pour avertir cette dernière d’un risque de collision entre deux satellites. Les chinois ont demandé aux étasuniens de « rester stationnaires » en vue d’une manœuvre de leur part, dans le but d’éviter l’accident. Comme l’expliquait récemment Space News, les tentatives antérieures de la NASA de communiquer avec le CNSA dans des cas similaires étaient restées sans réponse. Les étasuniens se contentaient simplement de prévenir leurs homologues chinois et les informer de leur intention de manœuvrer afin d’éviter toute collision.
Le récent signal coordonné venu de Chine montre que le pays est désormais enclin à communiquer afin de maintenir la sécurité orbitale, un véritable progrès. Par ailleurs, le magazine a interrogé Darren McKnight, directeur de la société de surveillance des débris spatiaux LeoLabs. L’intéressé a indiqué que des opérateurs privés chinois auraient pris contact avec les constellations de satellites OneWeb et Starlink afin de discuter de leurs trajectoires.
Aujourd’hui, la coopération entre les chinois et les occidentaux est cruciale, notamment au niveau des constellations de satellites, surtout que les projets ne sont pas encore arrivés à leur terme. D’un coté, nous retrouvons le projet Starlink (SpaceX) avec un maximum de 42 000 satellites, Kuiper (Amazon) avec un peu plus de 3 200 engins et One Web (Eutelsat) et ses 650 objets. En face, la Chine prépare actuellement deux projets de grande ampleur, à savoir Qianfan et Guowang pour un total de près de 30 000 satellites. Évidement, tout ce petit monde devra partager le même espace orbital. Autrement dit, le maintien de la sécurité sera indispensable.

Éviter les accidents et l’apparition de nouveaux débris
Si le caractère inédit du récent e-mail de la Chine et les possibles prises de contact entre certains opérateurs sont source d’espoir, il est important de rester prudent. En effet, il n’est absolument pas certain que la Chine soit prête à accepter une totale coopération avec l’intégralité des agences spatiales publiques et privées. En attendant, le pays semble avoir intégré le fait que la sécurité orbitale est importante et que cette même sécurité passe obligatoirement par un minimum de coordination internationale. De plus, la Chine sert également ses intérêts de cette façon, en limitant les risques d’entacher sa réputation sur le plan spatial. En réalité, les accidents en orbite ne sont bénéfiques pour personne.
Rappelons au passage que chaque collision de ce genre contribue à augmenter la quantité de débris spatiaux en orbite autour de la Terre. Selon un article de la revue de l’Institut Polytechnique de Paris publié en février 2025, on compte aujourd’hui 36 000 objets de plus de 10 cm dans l’espace, dont 30 000 catalogués et 6 000 non référencés. De plus, la masse d’objets en orbite dans l’espace est de 13 486 tonnes, ce qui est un peu plus que le poids de la tour Eiffel. En ce qui concerne la zone orbitale la plus encombrée, la génération de débris par collision est supérieure à la part de destruction naturelle par retombée dans l’atmosphère.
Auteur de l’article, le chercheur Christophe Bonnal affirme également que dans la zone de l’orbite à 80 km où l’on envoyait souvent les satellites d’observation, il est toujours possible d’effectuer des lancements. Cependant, le risque de destruction prématurée est désormais de 10%. Également, le nombre de débris spatiaux pourrait doubler en moins d’un demi-siècle, si bien que limiter les dégâts apparait assez judicieux. Pour le scientifique, il faudrait retirer une dizaine de gros débris chaque année et ce, avant leur fragmentation.
